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Les Final Fantasy Forums

L'enfance de l'AAR


ENNIX

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Je me souvenais bien qu'il y avait pas mal d'éléments qui se pointaient et sur lesquels on n'avait pas forcément de contrôle (ou bien seulement plusieurs choix quant à la façon d'y réagir/si on y réagit), avec Zhuge qui commentait un peu ses parties, mais même quelque chose d'aussi influent que légitimer ou non des bâtards est entièrement automatisé ?

 

En tout cas, la lecture m'a rappelé que je n'ai jamais vraiment su d'où sort l'association au castor (de qui, par contre, ça va :p).

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Ouais, quand un personnage a envie d'aller tâter de la madame, il y va, et t'as souvent des jolis events qui se présentent à toi, parfois pour légitimer ou non les gamins.

 

 

En fait, ça dépend surtout de la personnalité du monarque, notamment des traits chastes et queutard (lustful)

Si le monarque est chaste, t'es pas emmerdé, s'il est ni l'un ni l'autre, le jeu te donne le choix, et si tu choisis de sauter à côté du lit conjugal, tes conseillers et vassaux t'implorent de se ne pas légitimer ses bâtards pour le bien du Royaume, et s'il est queutard, il baise sans demander l'avis à personne et les conseillers prennent même pas la peine de lui demander de penser avec sa tête vu que c'est clairement une cause perdue... Par contre ils peuvent lui envoyer une lettre du type "Mon bien aimé seigneur, tes mœurs décadentes sont célèbres d'Irlande jusqu'en Chine et j'en ai raz-le-bol de tes connerie: This-Is-War"

 

Dans le cas de Pierre, c'est le Duc du Dauphiné qui a dû aprécier: non seulement lui et ses complices ont échoué dans leur rébellion mais en plus d'être battu, il a été fait prisonnier, contraint de payer une rançon pour sa libération, et en plus son duché lui a été pris et donné à Castore, le fils bâtard de Pierre, à qui il doit donner du "My Liege": il est vraiment pas content :molo:

 

***

 

je n'ai jamais vraiment su d'où sort l'association au castor

 

Si tu veux tout savoir... Moi non plus :withstupid:

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Bon, j'ai le regret de vous annoncer que l'AAR va connaître un hiatus d'une durée indéterminée mais probablement longue. étant donné que ma partie est sauvegardée sur l'ordinateur paternel et que je n'y ai plus accès pour un moment, le tout va rester en l'état au moins jusqu'en Mars :(

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  • 2 months later...

Fichtre, je m'attendais à tomber directement sur la bûche. Imagine la déprime qui s'en est suivie. Ça ne va pas être trop compliqué à reprendre, considérant tous les détails que tu as voulu mettre et que tu vas devoir te remémorer pour garder la cohérence ?

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Épisode 6: 1149-1179: Le Chancelier Croate, Première Partie: À la conquête de toutes les Bourgognes.



Stéphane Bernix, dans la cour intérieure d'un palais d'architecture mauresque:


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Il est le plus célèbre des ministres du moyen-âge et de son vivant l'un des hommes les plus puissants du Saint-Empire Romain Germanique.



La visite du Grand Rectorat, le nom que l'on donné déjà à l'époque à son palais turinois, est un passage obligé pour les seigneurs de la région: on le courtise, on recherche ses bonne grâce, on se bat pour être vu avec lui… Et on le craint, car derrière la faste de son palais et de ses fêtes et banquets, Ljutomisl Trpimirovic, chancelier de Savoie puis de Bourgogne, est le très secret et redoutable bras droit de Pierre de Savoie, deuxième du nom: l'ambitieux et implacable Archiduc de Toutes les Bourgognes. Au suzerain revient la puissance des armées, la gloire sur les champs de Bataille et la confiance des empereurs; au chancelier le pouvoir politique et son armée des ombres: une impressionnante machinerie bureaucratique très en avance sur son temps que les rois envient et que la noblesse craint, une armée dont le quartier général n'est autre que cet improbable chef d'œuvre d'architecture mauresque construit dans les faubourgs du Turin médiéval.



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transition vers le portrait d'un homme habillé en marchand du 12ème-13ème siècle


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Voix-Off:


Ljutomisl Trpimirovic vient au monde le 20 Mai 1129 à Zadar. Issu d'une branche cadette des Trpimirovic, qui règnent sur la Croatie depuis 845 et sans grand espoir de jouer un rôle important dans un royaume de Croatie réduit à l'époque à quelques enclaves le long des côtes Dalmates, il part tenter sa chance à Constantinople où il étudie le droit au Pandidaktérion de Constantinople. L'un de ses professeurs, originaire du Thème de Charsianon le met en relation avec Rhodante Phokas, qui le fait venir à Aoste peu avant la mort d'Eustache. Quand Pierre monte sur le trône, son épouse le convainc de prendre le jeune homme, âgé d'à peine 20 ans, comme chancelier, un poste qu'il occupera pendant plus de 50 ans.



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Vue aérienne de Zadar aujourd'hui



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Retour au bureau d'universitaire bordélique.


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Wiliknia Moloka'i:


Il n'y a pas de Pierre le Jeune sans son chancelier. le fils d'Eustache de Savoie a été formé au commandement militaire sur les ordres de son père, mais n'a ni les connaissances ni le tempérament pour gouverner son territoire: il est impulsif, colérique, capricieux, arbitraire… Par dessus le marché, il a grandi bercé par les histoires des "exploits" de ce grand-père qu'il n'a jamais connu dont il a hérité du prénom, et il est habité par l'obsession d'égaler sa légende, de quelque manière que ce soit, y compris en écrasant militairement d'autres seigneurs germaniques: la poursuite obsessionnelle et implacable de ce but va lui valoir l'inimité et même la haine de la quasi-totalité de la noblesse du Saint-Empire.



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Transition vers un nouveau bureau d'universitaire -celui-là bien ordonné-


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Armond Richard


Professeur d'histoire à l'Université de Dijon, spécialiste de la Bourgogne médiévale tardive:


Fort heureusement pour la maison de Savoie et pour les territoires sur lesquels elle règne, Pierre le Jeune est un homme qui n'hésite pas à déléguer les tâches qui l'ennuient et à accorder beaucoup d'autonomie aux personnes qui ont sa confiance. Il va s'appuyer pour la gouvernance de ses terres sur ses épouses -et il va avoir beaucoup de chance pour avoir successivement trois épouses à la fois brillantes et capable d'assumer les charges gouvernementales dont il ne veut pas s'occuper, assez patientes pour supporter son caractère capricieux et colérique, et prêtes à tolérer ses infidélités qui vont aller de pire en pire avec l'âge- et à son chancelier, qui va mettre au point une administration très moderne pour l'époque et s'appuyer non plus sur la petite noblesse de châtelains et de chevaliers, mais également sur la bourgeoisie médiévale apparue au XIème siècle avec la croissance des centres urbains et dont l'importance croissante de la seconde moitié du moyen-âge jusqu'aux lumières va de plus en plus défier la puissance des familles féodales pour finalement les supplanter complètement: en s'appuyant sur ce groupe social encore jeune à l'époque, il fait figure de précurseur hétérodoxe dont la vie et l'œuvre inspireront des siècles plus tard des auteurs tel Machiavel, Hobbes, Montesquieu, et même Marx.



Ce qui caractérise le chancelier Ljutomisl Trpimirovic, c'est son grand talent pour détecter et s'attacher le service de gens à la fois ambitieux et talentueux: or, les guildes médiévales ont engendré toute une population relativement bien éduquée, qui aspire à jouer un rôle important dans cette société médiévale en pleine transformation, mais qui font face à de puissantes résistances traditionnelles, l'accès aux postes importants étant non seulement réservé à l'aristocratie de manière quasi-institutionelle.


Pierre le Jeune accepte Ljutomisl Trpimirovic comme chancelier précisément parce que, émigré sans fortune ni véritable avenir dans son pays d'origine, non seulement celui-ci lui est entièrement redevable, mais sa position est en plus complètement tributaire du bon vouloir du Duc, ce qui garantit la loyauté du chancelier Croate.


En allant à l'encontre de la coutume et en s'appuyant sur une nouvelle élite bureaucratique qui n'est ni aristocratique, ni composée d'ecclésiastiques, Ljutomisl ne fait que reproduire le raisonnement de son propre seigneur et maître: il s'attache à son service une population de fils et filles cadets et benjamins de familles marchandes ou fils d'artisans plus aptes aux efforts intellectuels abstraits qu'aux métiers de leurs pères, qui sont entièrement redevables au chancelier pour leur influence et leur statut. L'Université des Arts Libéraux de Chambéry, la première de son genre, ouverte en 1158 est d'ailleurs à l'origine un projet visant exclusivement à former une élite bureaucratique roturière entièrement dévouée au pouvoir du chancelier de Savoie.



L'émergence de cette élite urbaine à l'époque méritocratique -comme ce sera le cas pour les élites bureaucratiques des civilisation musulmanes et asiatiques, la corruption et le népotisme finiront par l'affecter par la suite- va inspirer à la noblesse la peur d'être supplantée et être l'une des raisons de la très longue révolte qui va troubler la fin du règne de Pierre le Jeune et manquer de peu de disloquer le vaste territoire qu'il s'est constitué.



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Retour aux jardins du Rectorat


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Bernix:


Ce palais, dont l'architecture reprend celle du palais de l'Aljaferia à Saragosse fait partit des projets monumentaux décidés par Eustache à la fin de son règne: il s'agit alors de construire un palais fortifié semblable à son modèle et de s'en servir comme résidence d'hiver.


Eustache n'y résidera jamais: le projet est encore bien incomplet à sa mort, et le nouveau Duc Pierre le Jeune est au début prêt à l'abandonner complètement. Ljutomisl le convainc de financer les travaux, mais avec de substantiels changements: fortifications et les douves ne sont pas construites, et plutôt que d'être une résidence royale séparée du reste de la cité, le palais est intégré aux faubourgs turinois en expansion. Le palais donne alors sur une large esplanade accessible au public, et derrière la magnificence des façades la quasi-totalité des pièces sont construites de manière spartiate et fonctionnelle, car elles sont destinées à servir de bureau aux administrateurs des domaines de Savoie. Au sommet de cette bâtisse se trouvent les appartements spartiates du chancelier dont le seul luxe sont les immenses fenêtres qui donnent sur la place construite en contrebas. C'est de là haut que Ljutomisl gouverne les domaines de son maître et c'est aussi de là haut qu'il va ourdir les multiples machinations nécessaires à la réalisation des ambitions de Pierre le Jeune.



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Retour au bureau d'universitaire ordonné


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Armond Richard:


Toute sa vie durant, le chancelier Ljutomisl va encourager Pierre le Jeune dans ses ambitions. Pierre le Jeune et son éminence grise ont des tempéraments extrêmement similaires, notamment par l'ambition et l'empressement à employer la violence pour parvenir à leur fin. Ljutomisl est considéré comme le plus calme et réfléchit de la paire car l'Histoire n'a pas retenu chez lui des crises de fureur comparables à celles qui s'emparent occasionnellement de son maître, mais il est tout aussi rancunier et impitoyable, peut-être plus encore que Pierre le Jeune, qui se montre parfois clément voir laxiste à l'égard de proches ou simplement de personnes qui lui font une bonne impression, alors que Ljutomisl n'oublie rien et se montre capable de poursuivre de sa hargne ses ennemis et leurs proches des décennies durant: plusieurs châtelains de Savoie se retrouveront ruinés voire finiront avec leur tête sur le billot pour s'être opposés au chancelier de Savoie.



Toujours est-il que loin d'être un élément modérateur, le chancelier Ljutomisl n'aura de cesse d'encourager Pierre le Jeune plus loin dans ses ambitions, notamment territoriales, et n'hésitera jamais à lui fournir le soutient logistique dont il a besoin pour mener ses projets à bien.



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Retour au bureau d'universitaire bordélique.


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Wiliknia Moloka'i:


Le premier de ces projets est l'invasion de la Vienne: celle-ci fait partie des domaines provençaux du Royaume Bosonide depuis sa fondation, mais celui-ci se désagrège durant la seconde partie du XIIème siècle.



En Espagne, le Vizir Simon-Abdoul Hasan s'est emparé du pouvoir en 1140 après la mort du Sultan Abbad le Troisième: celui n'a que deux filles survivantes et son épouse est alors enceinte d'un fils qui mourra -vraissemblablement d'une pneumonie- à l'âge de 9 ans. Ancien écuyer du Cid -dont l'une des filles est la maitresse- devenu général des armées Abbadides, il conquière les restes des terres de Léon et mène le Sultanat de Séville à son expansion territoriale maximale avant de devenir le vizir d'Abbad III. Quand celui-ci meurt sans héritier, Abdoul Hasan devient le maître de fait du Sultanat de Séville, tant et si bien qu'à sa mort le fils qu'il a eu (et reconnu) de sa maîtresse chrétienne lui succède et instaure une lignée héréditaire de Vizirs, réduisant les sultans Abbadides à l'état de souverains sans pouvoir.



Bernix:


Comment un territoire à majorité musulmane parvient à accepter une lignée de souverains issus d'ancêtres juifs et chrétiens?



Wiliknia Moloka'i:


Dans un premier temps, le prestige du fondateur de la ligné et celui de Rodrigue de Vivar sont tels qu'ils suffisent à maintenir l'autorité du Vizir. De plus, les exactions commises par les armées chrétiennes durant la quatrième croisade, y compris dans des régions peuplées en majorité par des chrétiens vivant sous domination maure va littéralement jeter dans les bras du sultan Abbad III et de ses successeurs Hasanides des milliers de membres des communautés chrétiennes et juives qui iront jusqu'à porter les armes sous leurs couleurs. On estime qu'au sommet de sa puissance, Aboul Hasan commandait une armée composée aux deux-cinquièmes de soldats juifs et chrétiens.


Néanmoins, à une époque où la coexistence entre juifs, chrétiens, et musulmans n'est pas toujours pacifique -le massacre de Grenade de 1066, quand la population se souleva contre le Vizir juif Joseph ibn Naghrela, le lyncha dans son palais puis massacra un grand nombre de juifs berbères de la cité en représaille vient à l'esprit-, le pouvoir des Vizirs héréditaires sera la cible de nombreuses révoltes et trahisons de seigneurs maures durant la seconde moitié du XIIème siècle qui coûtera au sultanat de Séville l'ensemble de ses conquêtes, bien que la dynastie d'Abdoul Hasan parvienne envers et contre tout à préserver son emprise sur le sud de la péninsule.



Cela étant dit, durant le règne de Siddray Hasan, deuxième vizir Hasanide, le sultanat de Séville est encore au sommet de sa puissance, et il parvient au début des années 1150 à frapper un grand coup avec ses alliés Aftasides en faisant prisonnier le roi Girvais, souverain du Royaume Bosonide. Cet acte marque le début de l'effondrement du Royaume Croisé d'Andalousie: les Comtes d'Ambon, vassaux des Bosonides depuis leur fondation, se déclarent indépendants et créent un "Second Royaume d'Arles" entre la Provence et le Lyonnais.



De par son statut de "Royaume Croisé", le Royaume Bosonide, composé d'une partie espagnole conquise lors de la première croisade, et d'une partie provençale issue de la révolte Italo-Bourguignonne, était intouchable, les empereurs germaniques se gardant bien de tenter d'en reconquérir la partie provençale sous peine de se mettre toute la chrétienté à dos. la famille d'Ambon ne jouit pas de ce luxe, et une fois que leurs terres sont devenus indépendantes, elles sont devenues une proie facile pour Pierre le Jeune, qui prend personnellement la tête des troupes qui partent à l'assaut de la Vienne.



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Basin Méditerranéen au Milieu du XIIème siècle



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Retour au bureau d'universitaire bordélique à la bouteille de Cognac


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Yang Wen-Zhuge-Li:


La Conquête des terres d'origine de la maison d'Ambon ne se fait pas sans heurts: les armées des Albon contournent le gros des troupes savoyardes et parviennent à prendre d'assaut et à mettre à sac Aoste en Août 1154. Pierre le Jeune réagit et sépare ses armées en deux trop tard, les troupes qu'il avait rassemblé à Lyon n'arrivant à Aoste qu'après la mise à sac de la ville. Il poursuit les armées des Albons dans le Piémont et leurs armées sont massacrées à Verceil le 11 Novembre 1154. Malgré l'hiver qui approche, Il fait traverser à ses troupes les alpes à marche forcée et prend d'assaut Albon au mois de décembre. Assumant leurs ennemis bloqués côté Italien jusqu'au printemps, les défenseurs de la forteresse de la maison d'Albon sont pris de cours par l'attaque subite et la citadelle est prise le 14 décembre.



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Bernix:


La Conquête de la Vienne manque de peu de finir en tragédie à cause des complots des Fraticelli du Vaud.



Armond Richard:


La secte jugée hérétique par le vatican qui trouve s'est origine dans le Vaud n'est pas à proprement parler un groupe de Fraticelli, pour la simple et bonne raison que les Fraticelli sont à l'origine des franciscains extrémistes et que le fondateur de leur ordre, Saint François d'Assise, n'est même pas encore né à cette époque: la secte des Dévots Mendiants du Vaud se revendiquera de Saint François au XIVème siècle, et c'est également à cette époque qu'ils commenceront à être comparés aux Fraticelli, mais bien que les deux groupes aient des doctrines très similaires, leurs origines sont très différentes. les Dévots Mendiants du Vaud sont à l'origine un mouvement critique à l'égard des révoltes suisses contre l'autorité des Ducs de Savoie, révoltes souvent réprimées dans le sang. Les Dévots Mendiants estiment que les maux dont souffre la région, notamment les multiples rébellions contre la Maison de Savoie réprimées dans le sang trouvent leur origine dans la corruption du clergé, notamment dans les ambitions politiques et territoriales de l'évêque de Fribourg et Lausanne Bouchard d'Oltigen qui défia Pierre l'Ancien au XIème siècle. Adeptes d'un clergé qui trouverait sa pureté dans une pauvreté totale, ils trouvent dans le Comte Folkard tueur d'Ours, le neveu de Pierre le Jeune et fondateur de Berne, un allié enthousiaste, mais leurs prêches ne sont pas du goût de Rome.



Or, Folkard de Savoie ne va pas se contenter de protéger les Dévots Mendiants: il va aller jusqu'à adhérer à leur culte et se laisser convaincre d'essayer de s'emparer du Duché de Savoie de sorte à répandre le mouvement dans l'ensemble du territoire de son oncle. Il s'allie avec le Comte de Genève, issu par son père d'une branche cadette des Chatenois, la ligné des Archiducs d'Alsace, qui souhaite renverser le duc pour des raisons qui n'ont rien à voir avec les motivations religieuses des Dévots Mendiants, mais le complot parvient aux oreilles de Rhodante Phokas, qui en informe son époux.



Bernix:


Le coup doit-être rude pour Pierre.



Armond Richard:


Pierre le Jeune et Folkard de Berne ont pratiquement le même âge et ont grandi ensemble. Les deux hommes sont comme deux frères et même la décision d'Eustache d'emmener Folkard comme écuyer au lieu de Pierre n'a pas entamé leur amitié. L'armée qui prend Albon est dirigée par Folkard qui, à l'époque, possède plus d'influence que Ljutomisl Trpimirovic. Celui-ci voit d'ailleurs en Folkard un obstacle gênant sur la route de ses ambitions et n'est pas forcément mécontent de cette situation où Pierre le Jeune doit s'appuyer sur son chancelier plutôt que sur son neveu et ami d'enfance.



Néanmoins, Pierre le Jeune va se montrer extrêmement clément à l'égard de Folkard: plutôt que de le faire mettre aux arrêts -au risque de désorganiser sa campagne de Vienne-, il lui laisse pour un tant le commandement des armées savoyardes et son rang de Comte. Il va même plus loin en usant de son influence -et celle de son chancelier- pour que Rome ne proclame pas hérétique la secte des Dévots Mendiants et leur accorde sa protection, alors même que le nombre de fidèles de cette secte va continuer à augmenter jusqu'à représenter une majorité de la population de la région à partir des années 1160.



Bernix:


Pourtant la secte va péricliter.



Armond Richard:


Enclavée au milieu de territoires catholiques, l'enclave des Dévots Mendiants du Vaud va décliner au fil des migrations et des mariages mixes, au point que dès le XIIIème siècle, la région est redevenu majoritairement catholique. Il reste aujourd'hui une communauté d'environ 120.000 membres indépendants de l'église catholique romaine qui suivent leurs propres rites. De toutes les "reconquêtes" de l'église catholique médiévale, il s'agit de l'une des très rare obtenues sans effusion de sang.



Bernix:


Simplement parce que Pierre le Jeune ne voulait pas faire de mal à son ami d'enfance?



Armond Richard:


Simplement pour cela: ironiquement, le caractère capricieux, arbitraire et autoritaire de Pierre le Jeune va dans ce cas-là éviter un bain de sang. Folkard finit malgré tout par être écarté du premier cercle de Pierre le Jeune: en 1155, Boniface -le fils préféré de Pierre- est fait Baron d'Aoste et remplace Folkard comme Maréchal de Savoie. Très vite, ce jeune guerrier précoce et surdoué fait ses preuves en s'emparant de Grenoble le 10 février 1156. La Maison d'Ambon capitule alors et abandonne la Vienne aux Savoie.



Bernix:


Le Chancelier Trpimirovic n'est pas en reste à cette époque.



Armond Richard:


Tout à fait: malgré le coût de la conquête de la Vienne, il parvient à financer à cette époque plusieurs grands projets: le fameux Rectorat de Turin d'où il gouverne est terminé à cette époque tout comme la construction de l'université de Chambéry. Un autre événement va lui donner l'opportunité de consolider sa position politique: la Cinquième Croisade, voulue par Rome pour porter secours au Royaume Bosonide en déliquescence, va amener Pierre le Jeune à partir pour l'Andalousie durant l'été 1157 -et donc à participer à la guerre que son père Eustache lui avait refusé- et en son absence va laisser de fait les pleins pouvoirs à son chancelier.



Bernix:


Comment vont les choses pour Pierre le Jeune, à cette époque?



Armond Richard:


La Situation du Royaume Bosonide se degrade de plus en plus: le Royaume de France est en crise depuis l'assassinat du roi Roi Bernard, le dernier roi de la branche aînée des Capétiens. le roi Robert III, issu de la branche bourguignonne de la famille, s'est retrouvé sur le trône par défaut et son règne est très fragile: la France doit se désengager de la quatrième croisade quand éclate une révolte dans ses possessions catalanes, et les armées du Saint Empire se retirent suite à une trêve conclue avec la coalition Aftasido-Hasanide le jour de noël 1159. En théorie, le Royaume Bosonide est inclus dans la trêve et les troupes maures qui menacent Cordoue se retirent, ce qui permet à la papauté de proclamer le succès de la Cinquième Croisade. En pratique, le royaume Bosonide, militairement défait et entièrement dépendant de la bonne volonté de ses alliés est abandonné à son sort.



Mais pour Pierre le Jeune, les choses vont très bien pour: durant les 30 mois qu'il passe en Espagne, il participe à plusieurs batailles décisives: à Tolède, Salamanque, Grenade durant lesquelles il fait la preuve de son envergure militaire, en récompense de laquelle il est fait Chancelier du Saint Empire en 1158.



Bernix:


Pourquoi Chancellier et non pas Maréchal?



Armond Richard:


En réalité, ce sont les services de sa femme Rhodante que l'empereur germanique Baldemar cherche. Eustache de Savoie avait très tôt réalisé que son fils avait de grosses lacunes en dehors du domaine militaire. Et il avait délibérément cherché à marier son fils à une femme dont les talents combleraient ses manques. Pierre le Jeune eu été un bien piètre chancelier par lui-même, mais l'empereur Baldemar, n'ose pas ouvertement nommer une femme chancelière de son empire où les femmes de pouvoir telle Adeline de Suse se font de plus en plus rare, et sont accueillies avec une hostilité grandissante par les hommes qui en dominent la noblesse.


C'est également, c'est -du moins il le pense- un moyen de garder le très ambitieux Duc de Savoie sous contrôle tout en lui offrant une récompense prestigieuse qu'il ne peut refuser.



En pratique donc, si Pierre est officiellement nommé chancelier, c'est son épouse qui gouverne le Saint Empire.



Bernix:


Autant dire que cela ne va guère ralentir l'expansion du domaine des Savoie.



Armond Richard:


En effet: alors que le Duc de Savoie guerroie en Espagne, son chancelier œuvre à tourner les châtelains du Comté de Bourgogne contre les Habsbourg qui règnent sur ce territoire, tâche d'autant plus facile que ceux-ci savent que la maison de Savoie jouie d'un énorme influence à la cour de l'Empereur. Le 7 Juillet 1160, c'est avec leur accord que les troupes savoyardes pénètrent le Comté: la période troublée des Guerres de Bourgogne commence.



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Retour au bureau d'universitaire bordélique.


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Wiliknia Moloka'i:


Si Pierre le jeune ne se montre pas aussi sanguinaire que son grand-père sur le champs de bataille -à la différence de Pierre l'Ancien, il n'emploie pas pillages et massacres systématiques comme instrument de conquête- son ambition de réunir l'ensemble du second Royaume de Bourgogne sous sa bannière va causer plus de 40 années de guerres qui vont ruiner les vallées du Rhône et de la Saône.



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Retour au bureau d'universitaire bordélique à la bouteille de Cognac


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Yang Wen-Zhuge-Li:


Le Duc Anselm de Habsbourg fait appel à Théodoric de Toscane, le fils du duc Éginolphe et d'Élodie de Genève: son intervention change la guerre froide qui oppose Savoie et Toscane en conflit armé. Pierre le jeune laisse son épouse -la véritable chancelière du saint empire- à Milan où siège à l'époque la cour impériale et s'en va commander ses armées en personne.



Bernix:


La guerre commence plutôt mal pour les Savoyards, malgré sa présence.



Yang Wen-Zhuge-Li:


On peut même dire que la guerre commencé mal à cause de sa présence: le Duc pèche par excès de confiance: convaincu que sa victoire contre les Albon et l'expérience qu'il a acquise durant la Cinquième Croisade démontrent sa supériorité militaire, il se montre au début du conflit extrêmement arrogant: il refuse dans un premier temps de faire appel à des mercenaires et envoie toutes ses troupes à l'assaut du domaine des Habsbourg, laissant le versant italien de son domaine sans défense. Les troupes de Toscane se mobilisent bien plus vites que le Duc de Savoie ne l'avait imaginé, et elles déferlent sur Saluce en décembre 1160, alors que Pierre et ses troupes assiègent Besançon.


De leur côté, les troupes des Habsbourg, plutôt que d'attaquer directement le Duc de Savoie, contournent ses armées: elles s'emparent de Berne et de Neuchâtel, puis fondent sur Genève avec l'intention de prendre d'assaut le cœur de la Savoie et de lui couper toute retraite.



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Position des armées Habsbourg et Toscane en 1161



Le Duc de Savoie va échapper à la défaite grâce à l'intervention rapide de Ljutomisl Trpimirovic: sans attendre l'autorisation de son Duc -mais avec néanmoins le soutient tacite de la Duchesse- il puise dans les coffres de Savoie et engage la Brigade Suisse, une puissante armée mercenaire sous le commandement du Condotierre Richard de Genève, un cousin éloigné du Comte de Genève, et l'un des élèves de l'école militaire d'Aoste. Ses troupes contournent les armées des Habsbourg et effectuent fin avril 1162 la jonction avec les armées de Pierre le Jeune -contraintes d'abandonner la vallée de la Saône- sur le point d'être mises en déroute à Basel. Ce renfort renverse l'équilibre des forces, et les armées Savoyardes et Suisses triomphent des armées Habsbourg. Après une ultime bataille le 25 Juin à Saint-Imier, les Habsbourg désormais privés de troupes sont contraint à capituler et à abandonner à Pierre le Jeune le Comté de Bourgogne, qui le donne à son fils et héritier désigné Boniface.



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Retour aux jardins du Rectorat


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Bernix:


Le triomphe de Pierre le Jeune est de courte durée: plusieurs crises frappent l'Europe durant cette décennie: la dynastie Riyahdid, qui règne sur la Tunisie, a des ambitions qui rivalisent avec celles des Savoie: tout au long du XIIème siècle, ils ont étendu leur influence sur la Sicile et l'Italie du Sud, au point d'arriver à l'été 1164 aux portes de Rome. Au même moment, le Duché de Brunswick se révolte contre le viel empereur Baldemar, qui fait du Duc de Savoie son grand maréchal et l'envoie mater la rébellion. À l'ouest, le Royaume de France reste très instable à cause de ses troubles dynastiques alors qu'à l'est, la Hongrie est déchirée par des guerres civiles qui n'en finissent pas.



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Armées Riyahdides aux portes de Rome



Sur le plan personnel, plusieurs tragédies frappent le Duc de Savoie: son épouse Rhodante Phokas décède le 21 Mars 1163, puis c'est son fils favori, Boniface, qui meurette le 30 Juin 1165 à 25 ans à peine, alors que son père combat les Riyahdid entre Rome et Naples. Cette mort sera à l'origine de l'une des plus longue et plus sanglantes guerre de succession du Moyen-Âge tardif.



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Retour au bureau d'universitaire ordonné


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Armond Richard:


Ni les troubles qui agitent l'Europe, ni les tragédies qui personnelles frappent le Duc de Savoie n'entament la détermination de Ljutomisl Trpimirovic: il va continuer à œuvrer sans scrupule à l'expansion du territoire de la Maison de Savoie.


En 1165, il convainc le Duc de Savoie récemment revenu de Naples, prise de haute lutte aux Riyahdid, d'usurper le titre de Duc de Haute Bourgogne, puisqu'il en contrôle désormais l'essentiel des territoires. Cet acte va causer la seconde guerre de Bourgogne: Si les Habsbourg ne sont plus en mesure de résister aux Savoie, les Toscans attaquent de nouveau les domaines Savoyard: il ne s'agit pas seulement de venir en aide à leurs vieux alliés: le Duc de Toscane, qui règne alors sur Parme et Gêne, estime que Nice, sous domination Savoyarde, lui revient de droit. Un scénario similaire à celui de la première guerre de Bourgogne se produit: alors que les troupes Savoyardes se battent dans les Grisons, les troupes de Toscane s'attaquent à des territoires laissés sans défense.



Cette fois-ci, par contre, le Duc de Savoie -encore sous le coup de la mort inattendue de son fils- laisse dès le début du conflit son chancelier organiser la logistique de la conquête: celui-ci décide de sacrifier le Comté Niçois, laissant la Toscane l'occuper, tant que le gros des troupes savoyardes sont prises dans les Grisons. Le Sud du domaine savoyard est ainsi occupé par les Toscans pendant près de deux ans, jusqu'à ce que les armées savoyardes et leurs supplétifs suisses ne partent à leur assaut à l'été 1167. La reconquête du Comté de Nice va être une entreprise laborieuse: le relief de la région, difficile d'accès depuis la partie des Alpes italiennes sous le contrôle de la Savoie, rend le mouvement des troupes difficiles alors que les armées de Toscanes peuvent elles aisément s'y rendre par la mer ou en longeant la côte. Ce n'est qu'en Août 1169 que les armées savoyardes l'emportent finalement à la bataille de Pigneroles. La seconde guerre de Bourgogne, qui, ironiquement, s'est surtout déroulée en dehors de la Bourgogne historique, s'achève officiellement le 17 Septembre 1169.



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Troupes en présence à la fin de l'année 1166



Bernix:


Le répit n'est que de courte durée.



Armond Richard:


En effet: toujours sous l'influence de son Chancelier, le Duc de Savoie a étendu ses revendications à la région de Schwytz, bien que cette région ne fasse pas partie de la Bourgogne historique, ainsi que sur L'Argovie: Ljutomisl Trpimirovic veut alors faire de la Maison de Savoie les seuls maîtres de l'ensemble des Alpes Occidentales: de l'embouchure du Var jusqu'au Lac de Constance. Les Habsbourg, qui ont perdu l'essentiel de leurs territoires face à Pierre le Jeune savent que ce n'est qu'une question de temps avant qu'ils ne soient entièrement conquis.



Or, l'expansion rapide de la Savoie a créé de puissantes inimités au sein des grands seigneurs du Saint Empire à l'égard de la Maison de Savoie. Les Ducs de Carinthie, de Loraine, de Moravie et de Spolette s'allient alors aux Habsbourg et ainsi commence la troisième guerre de Bourgogne, trois mois à peine après la fin de la seconde.



Cette guerre va être à la fois plus courte, mais aussi bien plus violente que la précédente. Alors que le relief de l'arrière-pays niçois avait ralenti le conflit, la troisième guerre de Bourgogne, dont le gros des batailles se déroulent au cœur de la vallée de l'Ara, permet un mouvement de troupes beaucoup plus rapide et pousse les différents belligérants à rassembler les armées les plus importantes possibles. Ce sont des dizaines de milliers de soldats qui vont marcher sur la région en 1170. Les armées coalisées contre la Maison de Savoie sont repoussées à la bataille de Berne le 2 Mai 1170, puis, repliées sur Engelberg, elles sont défaites le 27 Août 1170 au terme d'une bataille extrêmement sanglante qui laisse plus de 5.000 soldats morts au pied des montagnes.


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Les coalisés, espéraient que l'empereur germanique Christophe, monté sur le trône le 24 décembre 1164 à la mort de Baldemar, en viendrait à retirer son soutient à ce vassal trop ambitieux. Mais l'année 1170 voit les Riyahdid prendre Naples d'assaut. L'empereur germanique refuse de se défaire du maréchal dont il a besoin pour défendre Naples: cet évènement, couplé à la bataille d'Engelberg, marque le tournant de la troisième guerre de Bourgogne: les dernières troupes coalisés sont mises en déroute en septembre 1170 à Aarmühle, l'actuelle Interlaken: le Château Habsbourg est pris le 7 Octobre, et Zürich tombe à la fonte des neiges en Mars 1171. La troisième guerre de Bourgogne s'achève formellement le 9 Mai 1171 sur la victoire totale de la Maison de Savoie.



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Wiliknia Moloka'i:


Les interminables guerres privées que se mènent les différents seigneurs féodaux sont un problème constant pour les monarques de l'époque. Les empereurs Ottoniens puis Saliens ont passé les 250 années précédentes s'y opposer sans succès. Ironiquement, la victoire de Pierre le Jeune lors de la troisième guerre de Bourgogne, où il a vaincu quatre puissants ducs l'attaquant de concert va tellement terrifier les autres grands seigneurs du Saint Empire que lorsque l'empereur Christophe propose d'interdire le recours aux armes pour régler les querelles entre seigneurs germaniques, ils soutiennent cette idée à laquelle eux-même se sont longtemps opposés.



Pierre le Jeune soutient -du moins officiellement- lui aussi cette mesure. Cela dit, il reçoit de l'Empereur une compensation: celui-ci accepte que la Maison de Savoie soit faîte Maison Royale de Bourgogne, légitimant ainsi les ambitions et les conquêtes de Pierre le jeune et de son grand-père. Le 27 Août 1172, l'empereur Christophe convie à Prague tous les grands seigneurs du Saint Empire et proclame en leur présence Pierre le Jeune Archiduc de toutes les Bourgognes.



Bernix:


Les guerres de Bourgogne ne vont pas cesser pour autant.



Wiliknia Moloka'i:


Si le tout récemment couronné monarque du troisième royaume bourguignon, vassal du Saint Empire, n'a plus le droit de guerroyer contre ses pairs, il n'en est pas de même en ce qui concerne les voisins du Saint Empire: et la Provence est une cible de choix:



La seconde moitié du XIIème siècle voit s'effondrer le Royaume Croisé d'Andalousie Bosonide:


Ruiné par la quatrième Croisade, le Royaume Bosonide est tellement affaiblit que son souverain est capturé au début de la cinquième par le Vizir Siddray Hasan, le fils de Simon-Abdoul. Le Nord de ses possessions provençales lui échappent quand la Maison d'Albon se proclame indépendante, et quand Girvais, affaiblit par sa captivité, meurt en Septembre 1160, neuf mois à peine après sa libération des geôles de Séville, les Albons profitent de la fragilité du règne de son fils Raymond âgé d'à peine 12 ans pour s'emparer de la totalité de la Provence.



Si la mort du Vizir Siddray lors d'une révolte de seigneurs maures en 1160 met un terme aux espoirs de conquête de l'Andalousie Bosonide du Sultanat de Séville, ses alliés de la dynastie Aftaside qui règnent sur le Portugal sont eux en mesure de s'emparer de Cordoue: ce qu'ils font le 20 mai 1166, mettant un terme à 74 ans de domination Provençale sur la région. Les derniers vestiges du Royaume Bosonide: l'enclave du Vivarais et la province espagnole de Castellon restent nominativement sous le contrôle de Raymond -surnommé par ses contemporains "le sans couronne"- jusqu'à sa mort suspecte en Octobre 1173, Mais en réalité, ceux-ci sont tributaires de la compagnie catalane: une armée mercenaire restée au service exclusif du royaume Bosonide depuis sa fondation qui à partir de 1166 contrôle de fait ces deux territoires.



Le statut de "Royaume Croisé" rendait le royaume Bosonide intouchable. Celui-ci n'existant plus, ses possessions provençales deviennent tentantes pour le nouvel archiduc bourguignon, qui ne craint guère la maison d'Albon.



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Yang Wen-Zhuge-Li:


La conquête de la Provence fait l'effet d'une formalité: Albon et Arles sont prises durant l'été 1173. Aix résiste jusqu'en décembre 1174. Incapable de résister aux armées savoyardes plus nombreuses, mieux armées et plus expérimentées, les Albons ne conserve qu'une fine langue de territoire allant du Rhône aux limites du Piémont Italien, presque intégralement enclavée dans le domaine savoyard. L'archiduc Pierre rassemble le Lyonnais, la Vienne et le Forez en un seul territoire, qu'il baptise par moquerie "Dauphiné": le nom que les Comtes d'Albinos donnaient à leur territoire.



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Wiliknia Moloka'i:


Une douzaine d'années de paix relative pour la région suit la quatrième guerre de Bourgogne.



En 1178, le Pape Constantin II lance la Sixième Croisade: les croisades ibériques qui frappent la péninsule depuis un siècle ont des résultats prévisibles: quand les seigneurs maures sont unis, ils dominent sans peine la péninsule, ne laissant aux monarques chrétiens que les contreforts des Pyrénées. Quand ils se divisent, ils ne sont plus capables de faire face aux armées croisées. Constantin II veut mettre alors à profit l'éclatement des Sultanats Hasanide et Aftaside qui se produit dans le courant de l'année 1176 pour frapper au moment où l'Andalousie Musulmane est la plus désorganisée. La situation n'est pour autant guère facile: une querelle de succession oppose la Maison des Capets de Bourgogne, qui règne sur la France, à la Maison de Normandie, qui règne sur l'Angleterre, celle-ci se considérant comme plus légitime pour la couronne de France, et les possession françaises en Espagne sont en révolte contre un roi qu'elles n'acceptent plus. Le Pape exige une trêve entre les monarques français et Anglais, afin que ceux-ci concentrent leurs efforts sur la Croisade, et quand ceux-ci lui envoient une fin de non-recevoir, il les excommunier l'un comme l'autre.


De fait, ce sont le Royaume d'Écosse et les ordres des Chevaliers Hospitalier et des Templiers, fondés en Anatolie pour escorter les Pèlerins en route pour Jérusalem, qui vont jouer le plus grand rôle durant cette croisade, qui abouti à l'effondrement du Sultanat Aftaside: le Portugal et l'ancienne Andalousie Bosonide passent à la couronne écossaise, alors que les terres du nord de la péninsule, pour l'essentiel conquises par les ordres de chevaliers croisés, sont partagées entre le Royaume de Navarre et le Royaume de France, les principaux vainqueurs de la Sixième Croisade n'ayant pas les moyens d'administrer toutes leurs conquêtes, une partie tombe par défaut dans l'escarcelle de la France dont les monarques sont toujours excommuniés.



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Éclatement de l'Andalousie Musulmane



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Armond Richard:


Si Pierre le Jeune retourne lui aussi en Espagne participer à cette croisade, sont rôle restera limité, et ce sont surtout les querelles de familles qui vont marquer la fin de son règne.



Il avait épousé en seconde noce Christine Rapotonen, une cousine du Duc de Thuringe qui lui donna deux enfants: Brunhilde et le future Archiduc Antonin. Un an après sa mort, Il épouse en troisième noce Élisabetta di Lucca, issue de la branche Parmesane des Comtes de Lucques, alors vassaux des Ducs de Toscane. Son jeune frère Anselme fut fait Comte de Parme en 1176 à l'âge de 3 ans, et c'est elle qui assure la régence de la cité et de sa province. Exceptionnellement intelligente et cultivée, elle est l'un des esprits les plus brillants de son siècle et elle le sait. La proposition de mariage avec l'Archiduc de Bourgogne, devenu l'un des plus puissants seigneurs du Monde Chrétien, est d'abord motivé par des considérations politiques: l'alliance avec les Lucca affaiblit ses ennemis florentins, et il s'assure par la même occasion la présence à ses côtés d'un puissant intellect pour l'aider à gouverner son royaume.



Mais dans le même temps, il prend très ouvertement pour maîtresse la Kéra Trpimirovic, la fille de son chancelier, que celui-ci a probablement poussé dans le lit de son maître afin de renforcer sa propre position, tout en consommant avec enthousiasme son mariage avec Elisabetta, tant et si bien que Aloise et Castore, le premier des enfants bâtards que Kéra lui donne -qu'il s'empresse de légitimer- naissent avec à peine un mois d'écart. ce seigneur bigame, qui s'affiche autant avec son épouse légitime qu'avec sa favorite, choque profondément la population européenne de l'époque.


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Bernix:


Pourtant son comportement n'est pas très exceptionnel pour la noblesse de l'époque.



Armond Richard:


On pourrait presque lui donner une médaille de chasteté et de retenue comparé à certains de ses contemporains: la Hongrie est alors à feu et à sang de manière quasi-ininterrompue depuis 1124 à cause des mœurs du roi Salomon le dépravé -celui-là même pour qui Pierre l'ancien s'est battu-: non content d'épouser sa propre nièce, il viole ses propres filles, fait assassiner les membres de sa famille qu'il soupçonne de comploter contre lui, impose comme héritier un attardé mental notoire après que son propre fils aîné, qui a épousé la reine du Danemark, ai préfèré renoncer à toute prétention au trône et rester en sécurité à Roskilde.



En Espagne, les conquêtes croisées s'accompagnent de véritables campagnes de pillages et de viols massif: bourgs et villages sont pillés, leur population massacrée, et les survivants qui parviennent à atteindre monastères et couvents où ils espèrent recevoir l'asile y sont souvent fait prisonniers et livrés aux caprices des soldats croisés: les femmes jeunes sont particulièrement prises pour cible: musulmanes et juives sont attaquées avec impunité, et en ce qui concerne les chrétiennes, le plus souvent, il suffit à leur agresseur de prétendre leur avoir arracher la confession qu'elles s'étaient converties à l'Islam pour que celui-ci soit récompensés et sa victime envoyée dans l'un des nombreux "couvent" qui servent à l'époque de front à une véritable industrie d'esclavage sexuel: on estime qu'entre 50.000 et 100.000 jeunes femmes (sur une population totale de 8 millions d'habitants dans la péninsule ibérique à l'époque) seront violées dans l'enceinte des couvents espagnols.



Des techniques similaires sont employées par les armées mercenaires au service de Constantinople envoyées mater les révoltes arméniennes -le nombre d'enfants aux cheveux roux et blonds descendant de mercenaires normands explose à l'est de la péninsule Anatolienne à cette époque-


Les rois de France payent en femmes et en villages à piller les troupes mercenaires qu'ils n'arrivent plus à payer en monnaie sonnante et trébuchante.



Et bien entendu, je ne parle même pas du nombre de seigneurs qui contraignent artisans et petits paysans ne pouvant plus payer leurs taxes -les taxes à l'époque n'ont pas grand chose à voir avec les impôts que nous payons aujourd'hui et ne sont guère plus que des loyers que la roture diot payer à ses nobles propriétaires fonciers- à leur jeter leurs filles -ou leurs fils-, parfois très jeunes, en pâture.



Comparé à l'aristocratie de l'époque, Pierre le Jeune fait figure de progressiste: lui qui répugne à employer des mercenaires -et qui les oblige à faire preuve d'un minimum d'honneur quand il ne peut se passer d'eux- et fait l'effort de faire la cour aux -nombreuses- femmes qui lui plaisent plutôt que de traîner dans sa chambre ses servantes sans se soucier de leur consentement. Mais à la différence de ses paires, qui tentent un minimum de cacher leurs vices à leurs sujets, il expose sans vergogne son libertinage, allant jusqu'à imposer que ses enfants légitimes et ses bâtards soient élevés ensembles sur un pied d'égalité. C'est parce qu'il est si visible que tous -y compris bon nombre de ses sujets- font au libertinage de Pierre le jeune plus de reproches qu'aux vices plus graves que l'on peut trouvé ailleurs dans la noblesse du monde Chrétien.



C'est ainsi qu'il va se faire un puissant ennemie en la personne de sa propre bru: Bérengère Conanez.


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À suivre


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Épisode 7: 1179-1203: Le Chancelier Croate, Partie II: Rancunes et Guerres

Bernix, toujours dans le même palais Mauresque:

Fille du roi Conan le Gai de Bretagne-et-Navarre, Bérengère Conanez épouse en 1152 Boniface, fils préféré et jusqu'à sa mort héritier présomptif de Pierre le Jeune. Régente puis principale conseillère de son jeune fils Bonaventure, elle considère son fils comme l'héritier légitime de la couronne de Bourgogne, une prétention à laquelle Pierre le Jeune semble adhérer dans un premier temps, avant de planter les graines d'une très grave crise quand il annonce en 1181 préférer que ce soit Brunhilde ou Antonin, les enfants issus de son second mariage avec Christine Rapotonen, qui hérite de son trône.

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Armond Richard:

Bérengère s'entend de plus en plus mal avec Pierre le jeune: elle ne supporte plus son autoritarisme, ses crises de colères, sa vanité. Plus encore, elle déteste Ljutomisl Trpimirovic, en qui elle voit un arriviste qui a trop bien réussi et qui ne cesse d'accumuler pouvoir et influence alors que son seigneur est bien trop content de lui laisser la plus grosse tâche de travail.

Elle n'a que dédain pour la communauté grecquo-arménienne de Savoie fondée par Eupraxie Macrembolite, qui a grandement gagné en influence du vivant de Rhodante Phokas, la première épouse de Pierre le jeune, et dans laquelle ont grandit les enfants de Pierre le Jeune: elle juge "ces byzantins" décadents et indignes des nombreux honneurs qui leur sont fait -elle n'aura de cesse, durant son mariage avec Boniface, de le séparer de cette communauté dans laquelle il avait lui aussi grandi- et les jugent responsables des "mœurs décadentes" qu'elle attribue non seulement à Pierre mais aussi à l'ensemble de ses proches conseillers.

Elle méprise Kéra Trpimirovic, en qui elle ne voit que l'instrument des ambitions de son père, et voue une haine farouche à Elisabetta, et considère que le fait qu'elle s'accommode et des infidélités répétées de son mari et de ses bâtards du moment qu'elle y gagne en influence politique comme le pire des vice.

Quand elle apprend que le fils qu'elle prépare à monter sur le trône depuis sa plus tendre enfance va être écarté au profit de demi-frères et sœurs élevés dans ce milieu auquel elle trouve tous les vices, Bérengère jure de mettre son fils sur le trône d'Aoste par la force des armes s'il le faut.

Son premier acte est de déposer Caradog d'Ani, le fils de Folkard de Bern devenu duc de Haute Bourgogne à la mort de son père. Elle parvient à convaincre la quasi-totalité des châtelins de la région de rejoindre son fils, qu'ils proclament Duc de Haute Bourgogne en 1181.

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Wiliknia Moloka'i:

Plusieurs phénomènes s'additionnent pour expliquer la révolte qui sourdre: Pierre le Jeune règne alors sur les États de Savoie depuis plus de trente ans: les jeunes conseillers, qui pour la plupart avaient grandi avec lui, dont il s'était entouré et au début de son règne qui il avait donné pouvoir et même une partie des fiefs qu'il avait conquis ont vieilli: certains sont morts, d'autres sont parti administrés les domaines qu'ils reçurent en récompense, et ils commencent à cette époque à céder la place à une nouvelle génération qui tolèrent beaucoup moins les caprices et les sautes d'humeurs de l'archiduc.

Dans le même temps, l'expansion rapide des domaines de Savoie ainsi que la proximité entre la Maison de Savoie et la Maison Impériale inquiète les grands seigneurs du Saint Empire alors que les méthodes de gouvernement du chancelier Ljutomisl sont de moins en moins bien acceptée par la petite et moyenne noblesse bourguignonne.

Quand Bérengère Conanez renverse Caradog d'Ani, elle le fait avec les soutient implicite de la majorité de la noblesse locale et des des grands seigneurs germaniques.

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Armond Richard:

Ancienne capitale de l'Arménie Bagratide, considérée à son apogée comme rivalisant de splendeur avec Bagdad et Constantinople, Ani et mise à sac à plusieurs reprises durant les guerres entre Byzantins et Seldjoukides et durant les nombreuses révoltes arméniennes qui agitent l'est de l'Empire Byzantin tout au long du XIIème siècle. Cependant, sa position stratégique ainsi que son importance économique et cultururelle -avec ses 200.000 habitants la ville aux 1001 églises est la deuxième cité de l'Empire Byzantin- a poussé Constantinople a dédier d'importantes ressources à sa reconstruction et à sa défense.

Or, en 1176, la maîtresse de la cité, Gadar Bagratide, héritière de l'ancienne dynastie qui régna sur le royaume arménien indépendant, décède sans héritier, et c'est Caradog, un cousin très éloigné (son grand-père Agarstan était cousin au troisième degré avec Thoros, le père de Gadar) qui hérite de la Cité et des terres environnantes.

Caradog va se suite à cet héritage inattendu se rapprocher de la communauté grecquo-arménienne de Savoie et commencer à porter plus d'intérêt à cette riche cité dont il est devenu le seigneur par accident. Il devient ainsi une cible très opportune: ses vassaux n'apprécient guère le voir négliger son domaine de Haute-Bourgogne pour se consacrer à cette cité lointaine: ils sont facilement convaincus par Bérengère qui parvient à le renverser sans verser une goutte de sang et à renforcer la position de son fils

Le chancelier Ljutomisl décèle immédiatement dans ce coup contre le fils de Folkard une attaque contre Pierre le Jeune lui même, et demande à son maître de crever immédiatement l'abcès de la rébellion qui se prépare en exilant Bonaventure et sa mère. Mais l'Archiduc ne peut résoudre à punir de la sorte l'épouse et l'enfant de son fils préféré. Il se contente de faire "mettre aux arrêts" Bonaventure -en pratique cela se traduit par le maintenir en résidence surveillée dans une vaste et confortable résidence située près d'Aoste- et de rappeler aux châtelins de Haute Bourgogne que c'est Caradog et non Bonaventure qu'il a choisi comme Duc de la région…

Et il en reste là.

Le caractère capricieux de l'Archiduc Pierre ne s'exprime pas seulement à travers ses fameux coups de sang: Il ne respecte pas les précédents quand il rend la justice, se montre intraitable un jour, pour tout pardonner le lendemain, change d'avis au gré de ses humeurs, parle au matin d'abandonner la guerre et de se consacrer à faire prospérer son domaine pour se lancer dans d'improbables projets d'invasion des baléares ou de l'Afrique du nord l'après-midi. En ce qui concerne Bonaventure, ses proches et ses conseillers le voient un jour éructer condamnations et jurons à l'égard du "traître" Bonaventure, et le découvre le lendemain de demander, les larmes au yeux, si son petit-fils lui pardonnera un jour son emprisonnement.

Ainsi va la vie dans l'Archiduché de Bourgogne qui connaît malgré tout cinq années de calme après l'arrestation de Bonaventure. Quand il décide d'en finir avec les Albon et attaque le Venaissin en 1186, Pierre décide que son petit-fils a "compris la leçon", et le libère.

Or, Bérengère, restée libre de ses mouvements, a passé ces cinq années à préparer sa riposte et a noué de nombreuses alliances avec de nombreuses puissantes maisons aristocratiques. La seule chose qui les tient en respect, c'est le fait que Bonaventure reste prisonnier à Aoste. Quand Pierre le jeune le libère, il perd un précieux hotage et ses enemis se mettent en marche.

Caradog, affaiblit par la tentative de révolte de palais contre sa personne a quitté le Canton de Berne où il résidait pour Ani, et loin de la région, a laissé dans les faits Bérengère régner sur la Haute Bourgogne, au grand désespoir chancelier Ljutomisl qui a tenté son maître de faire preuve de davantage de sévérité à l'égard de sa belle-fille, en vain.

La cinquième guerre de Bourgogne qui commence avec l'attaque du Venaissin était sensé être une campagne. De fait, la conquête du Venaissin est terminée à l'automne 1187. Mais les évènements vont conspirer pour que le conflit s'éternise: au printemps 1186 Bonaventure de Savoie s'auto-proclame Archiduc De Bourgogne et lève ses armées contre son grand-père. Alors que les armées savoyardes victorieuses se préparent à partir au nord faire face aux troupes de Bonaventure, le Sultanat de Séville, le dernier état Maure a avoir survécu à la dernière croisade, part à l'assaut de la région de Valence. Pierre, toujours maréchal du Saint Empire à cette époque- doit repartir vers l'Espagne avec la moitié de ses troupes sur ordre de son empereur. Il laisse à son fils Antonin -devenu son héritier déclaré- le reste de ses armées et la tâche de mater la révolte de Bonaventure et Bérengère.

En 1189, Brutus de Savoie hérite du duché de Dauphiné à la mort de son grand-père Aldéric. Or, lui et Bonaventure ont grandi ensemble à Lyon et sont comme frères: le nouveau Duc de Dauphiné, s'il reste officiellement loyal à Pierre, commence à jouer un double jeu: plusieurs entreprises de charité publique, créées dans le but prétendu de venir en aide aux populations civiles issues des deux camps, font servir en réalité à faire transiter des fonds et de la nourritures vers la Haute Bourgogne, permettant à la province rebelle de lutter à armes égales avec les armées d'Antonin.

En 1191, les tentatives de conciliations initiées par l'Empereur Christophe Salien échouent avec la mort de celui-ci, alors que la péninsule Italienne entre à nouveau en révolte

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Wiliknia Moloka'i:

La Mort de l'empereur Christophe marque la fin du "Miracle Salien": cette dynastie, qui règne sur le Saint Empire de 1024 à 1191 est associée à une période de stabilité relative, de prospérité et de progrès: Les querelles dynastiques épargnent cette dynastie car à l'exception de Henry IV, tous les empereurs sont des adultes (ou presque: l'empereur Baldemar n'a que 17 ans quand il monte sur le trône) et surtout, après la reconquête de l'Italie par Henry IV, peu remettent en doute la légitimité des empereurs saliens. Quand l'empereur Christophe meurt, le Saint Empire a connu une période d'un siècle de paix relative: les révoltes sont rares -et vite écrasées-, les frontières de l'Empire sont sûres, les incursions normandes cessent, les papes et le pouvoir impérial ont des rapports apaisés, et la dynastie Salienne échappe aux scandales et aux crises de successions qui provoquent l'effondrement des Capétiens en France et des Arpad en Hongrie. Cette période a vu la population du Saint Empire doubler, ses villes gagner en importance, son commerce se développer fortement, et sa hiérarchie féodale se structurer autour de puissantes familles nobles qui commencent à réaliser qu'il n'est pas dans leur intérêt économique de régler leurs différents par des campagnes militaires.

La fin de la branche aînée de la Maison Salienne met un terme à tout cela. Le nouvel empereur élu par défaut est le Duc de Thüringe Ehrenfried de la maison des Ludowinger, des alliés de la Maison Salienne élevés au rang de Duc par Henry IV. Le nouvel empereur est un dirigeant compétant mais il a été choisi précisément parce qu'il n'a pas la puissance militaire pour s'imposer face à des grands seigneurs germaniques qui renouent avec leurs vieilles habitudes et recommencent à se comporter comme autant de petits monarques indépendants, alors que les cités Italienne vont se révoltent à nouveau à partir de l'été 1192.

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Yang Wen-Zhuge-Li:

La division des troupes Savoyardes est un facteurs important dans la durée de la révolte de Bonaventure. Non seulement Pierre le jeune est, avec une bonne partie de ses armées occupées à tenir les Hasan en échec au sud de l'Espagne au début de la rébellion de son petit-fils, mais à peine revient-il sur ses terre que l'empereur Ehrenfried Ludowinger se tourne vers lui pour commander les armées impériales afin de mater rébellion des cités italiennes: les armées impériales étant bien plus réduites que celles des empereurs Salien, Pierre le Jeune n'a pas d'autre choix que d'y ajouter une partie importante de ses propres troupes afin d'avoir une chance de l'emporter en Italie.

La grande ironie de cette affaire, c'est que c'est parce que les armées de Savoie sont divisées que Bonaventure va échouer à renverser son grand-père.

Pour comprendre la situation, il faut d'abord se pencher sur le cas de Genève: la ville est passée sous la coupe de la Maison de Châtenois-Lorraine du fait du premier mariage d'Élodie de Genève avec le Comte de Saintois, qui appartient à cette famille. Folkard de Genève, le Comte de l'époque, est l'arrière petit-fils du premier des trois enfants issus de ce mariage. Et les relations entre les Maisons Châtenois et Savoie sont exécrables du fait de la tentative de rébellion ratée d'Élodie de Genève dans les années 1120

C'est par l'intermédiaire du Comte de Genève que Bérengère fait la connaissance et se lie d'amitié avec Béatrice Chatenois, la fille de l'Archiduc Magnus Premier qui, lorsque son frère dépressif se suicide en 1187, devient régente pour ses neveux encore enfants.

Or, l'Archiduché de Lorraine -constitué en 1104- recouvre un immense territoire qui s'étend de Colmar à Esens et forme, avec l'Archiduché de Bourgogne la deuxième grande Marche de l'Ouest du Saint Empire. Ce territoire est plus vaste, plus peuplé, plus riche que l'Archiduché bourguignon et dispose d'armées tout aussi importantes.

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Domaines des Archiducs de Lorraine

Bérengère Conanez comptait sur les armées de Lorraine pour arracher une victoire à Pierre le Jeune. Or, elle décède au tout début de la rébellion de son fils, qui est quant à lui bien moins enthousiaste à l'idée d'une alliance avec les archiducs de Lorraine, car il craint qu'être redevable à leur égard le mènera à avoir une position subalterne vis à vis de la Lorraine une fois sa victoire contre Pierre le Jeune acquise.

Si les armées Savoyardes avaient été au complet, il est probable que, nécessité faisant loi, Bonaventure ai malgré tout appelé à l'aide ses puissants voisins, mais quand sa rébellion commence, et qu'il se retrouve face à une fraction seulement des armées savoyardes commandées par son jeune oncle (Antonin de Savoie n'a alors que 18 ans), il pense pouvoir triompher sans aide extérieur et décline les offres d'assistance que lui fait Béatrice de Châtenois.

La révolte semble bien partie: les armées de Bonaventure prennent rapidement le contrôle de l'Ouest de la Suisse et du Comté de Savoie. Bonaventure s'en va même jusqu'à déplacer sa cour à Aoste pour symboliser sa victoire. Mais lorsque ses armées passent les Alpes et pénètrent le Piémont Italien, elles se retrouvent face à une importante armée de mercenaires suisses et lombards.

Ljutomisl Trpimirovic savait dès le début du conflit que le jeune fils de l'archiduc n'avait ni l'expérience, ni même le troupes nécessaires pour l'emporter. Mais il a mis à profit les 40 années déjà passées à gouverner le domaine des Savoie pour mettre de côté un trésor de guerre et pour maintenir de bon rapport avec les compagnies de mercenaires qui opèrent dans la région. En l'absence de son maître, c'est lui, plus qu'Antonin qui dirige les opérations. Les armées de Bonaventure sont écrasées par les mercenaires au service du Chancelier de Bourgogne, et le petit-fils rebelle n'a d'autre choix que de fuir vers le cœur de son domaine dans la vallée de la Saône où il est bientôt rattrapé, défait une nouvelle fois, et finalement capturé le 15 août 1192.

Pierre le Jeune va pourtant de nouveau se montrer incapable de vraiment sévir à l'égard de son petit-fils. Son chancelier le supplie de laisser Bonaventure prisonnier, mais quand le duc Brutus, qui cache encore sa déloyauté, demande en Novembre de cette même année 1192 à Pierre de faire preuve de clémence à l'égard du prisonnier, ce dernier est immédiatement libéré.

Bonaventure ne perd pas de temps: il prend contact avec Béatrice de Châtenois dès sa libération, et reprend ouvertement les armes contre son grand-père en février 1193, moins de trois mois après avoir été libéré, et cette fois-ci, ayant perdu la plupart de ses propres troupes, il accepte le soutient lorrain.

Mais, contrairement à ses premiers espoirs, les troupes mercenaires engagées par le chancelier Ljutomisl restent mobilisées et parées au combat: armées Lorraines et armées Mercenaires vont alors lutter pied à pied dans les Alpes et le long de l'axe Rhin-Rhône pendant toute une décennie.

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Armond Richard:

Le génie politique de Ljutomisl Trpimirovic va être mis en évidence par ce conflit. Le chancelier de Savoie-Bourgogne se prépare depuis longtemps à l'éventualité d'une guerre longue et coûteuse:

Alors que Pierre le Jeune méprise les soldats de fortune, son chancelier n'a pas ménagé ses efforts pour conserver de bons rapports avec les différents condottières de la région, notamment avec Geldwin -dit le cruel- de Genève: cousin par alliance avec les Châtenois, il leur préfère néanmoins le chancelier de Bourgogne et mènera les armées mercenaires que celui-ci a rassemblé jusqu'à sa mort sur le camps de bataille en 1199

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Conscient de l'importance grandissante du commerce dans une Europe médiéval en mutation qui connaît une forte croissance démographique, il a mené au début du règne de Pierre le Jeune une politique de grands travaux: le réseau des routes est étendu et densifié, celles-ci sont mieux gardées contre le brigandage, il encourage la construction de nombreux ateliers, étend les échanges avec les cités Italiennes… Ces investissement se traduisent par une importante croissance économique du cœur du domaine de la Maison de Savoie, et donc par de meilleures rentrées d'argent dans les coffres des Savoie grâce auxquelles il parviendra à garder mobiliser son impressionnante armée de mercenaires pendant toute la durée du conflit.

Enfin, alors qu'une grande partie de la petite et moyenne noblesse de Bourgogne prend parti pour Bonaventure quand les Châtenois lui envoient leurs armées en renfort, les bureaucrates qui administrent le domaine de Savoie restent fidèle au chancelier et évite à la région en guerre de sombrer dans l'anarchie malgré les révoltes paysannes qui éclatent durant la décennie 1190-1200

Les Archiducs de Lorraine, bien que théoriquement plus puissants que la Bourgogne n'ont ni les réserves de liquidité, ni l'efficace organisation administrative instaurée par le chancelier Ljutomisl: leurs réserves de liquidités sont trop faibles pour qu'ils puissent eux-aussi faire à des armées mercenaires, et les erreurs de logistiques de leur côté se multiplient: peu à peu ils vont devoir céder de plus en plus de terrain.

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Retour au bureau d'universitaire bordélique à la bouteille de Cognac

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Yang Wen-Zhuge-Li:

Pierre le Jeune ne verra pas la fin de la révolte de Bonaventure: commandant ses troupes contre les cités italiennes entrées en rébellion malgré son grand âge, il meurt à l'âge de 79 ans près de Ferrare le 4 Février 1197.

Quatre mois plus tard, l'avant-garde des armées lorraines est défaite à Chambéry par des troupes mercenaires commandées par Castore, le fils bâtard -mais légitimé- de l'archiduc Pierre et de Kéra Trpimirovic. Le jeune homme les poursuit jusqu'à Kybourg, où il les met en déroute le 30 Septembre, puis se replie sur Berne où il met en échec une contre-attaque lancée au printemps de l'année suivante. C'est encore lui qui chasse Bonaventure de son siège de Besançon et s'empare du Duché de Haute-Bourgogne. La Guerre est alors pratiquement gagnée pour Antonin et Ljutomisl Trpimirovic resté chancelier du nouvel Archiduc: ces victoires militaires, couplées au couronnement en 1198 d'un nouvel empereur en la personne de Dietrich Rapotonen, le cousin germain de Christine Rapotonen, la mère d'Antonin de Savoie et par c#nséquent un allié des Savoie signent le glas de tout espoir de victoire pour les Châtenois.

Un événement va retarder la conclusion du conflit: à partir de la prise de Besançon, Antonin laisse entendre qu'il donnera le Duché de Haute-Bourgogne à son demi-frère Castore -l'ancien duc Caradog de Savoie, parti vivre sur ses terres d'Arménie au début de la rébellion de Bonaventure ne veut plus entendre parler de la Bourgogne et ne revendique pas le rétablissement de son ancien titre-. En réaction, Brutus de Savoie, qui jusque là aidait discrètement son Cousin Bonaventure mais n'avait pas encore pris les armes contre Antonin, entre ouvertement en Rébellion et déferle sur la Provence. Cet acte contraint les armées mercenaires engagées par Ljutomisl Trpimirovic à faire demi-tour, et laisse aux Lorrain l'opportunité d'organiser un ultime assaut désespéré sur Turin en passant par la Lombardie.

Le 6 Janvier 1201, les armées sous le commandement d'Antonin mettent en échec les armées lorraines près de Turin, et une semaine plus tard, Bonaventure de Savoie réfugié à Luxembourg meurt dans des circonstances suspectes. Les rumeurs de l'époque parlent de suicide, de vin empoisonné par la régente Béatrice qui souhaiterait se débarrasser d'un invité devenu encombrant, ou d'un assassinat commandité non pas par un ou une Châtenois mais par des nobles de Haute-Bourgogne lassés de cette guerre de succession qui n'en finit pas et les a ruiné, mais nul responsable ne sera jamais formellement identifié.

Quoi qu'il en soit, il ne reste alors de la rébellion de Bonaventure que le Duc du Dauphiné Brutus de Savoie qui met la Provence à feu et à sang. Les armées mercenaires commandées par Castore l'emportent finalement contre ses troupes au début de l'année 1202, marquant la fin de la cinquième -et de loin la plus longue et la plus sanglante- guerre de Bourgogne.

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Retour au bureau d'universitaire ordonné

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Armond Richard:

Finalement Victorieux après 15 ans de guerre, Antonin de Savoie et Ljutomisl Trpimirovic obtiennent de Béatrice de Châtenois qu'elle leur livre Boniface, le fils de Bonaventure.

Antonin de Savoie décide qu'il n'est pas dans son intérêt de punir le fils pour les fautes du père: en échange d'un serment de fidélité et de la réduction de la réduction de ses domaines personnels, l'Archiduc accepte que son petit-neveu reste Duc de Haute-Bourgogne.

Brutus de Savoie ne s'en tire pas à si bon Comte: si Antonin décide d'être magnanime dans la victoire et lui laisse ses terres du Forez, le Lyonnais et le titre de Duc du Dauphiné sont transmis à son demi-frère Castor, en récompense de l'aide qu'il apporta en tant que capitaine de compagnie mercenaire durant la guerre.

Antonin fait également d'un autre de ses demi-frères -Albin, le fils d'Élisabetta de Lucques- le Duc de Provence et garde pour lui la Savoie et le Piémont. En ce début de XIIIème siècle, chaque branche de la famille de Pierre le Jeune se retrouve à la tête d'une partie des cinq duchés de Bourgogne: le Nord aux descendant de son premier mariage, le centre au fils bâtard de Kéra, le Sud aux enfants issus de son troisième mariage avec Élisabetta di Lucca, et l'Est à son héritier désigné issu de son deuxième mariage.

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Retour au bureau d'universitaire bordélique.

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Wiliknia Moloka'i:

Si la guerre de succession entre Bonaventure et Antonin de Savoie semble s'achever sur un retour à la normale et à une victoire pour la faction loyaliste dirigée par Ljutomisl Trpimirovic, en réaité elle laisse beaucoup de monde ruiné: le conflit qui s'achève a vidé les coffres des Maisons de Savoie et de Châtenois, mais surtout, a également ruiné l'ensemble de la Bourgogne à l'exception de sa partie cisalpine autour de Turin, relativement épargnée comparée au reste. Cinq guerres d'affilée, dont la dernière dure 15 ans presque sans interruption laissent une région en ruine: de Colmar à Marseille, tout n'est que villes fantômes, campagnes désertées, routes de nouveau proies à un brigandage de grand-chemin endémique: les armées mercenaires au service de Ljutomisl Trpimirovic se "payent" souvent sur les villes et villages situées sur ce qu'ils considèrent comme le territoire ennemi, une définition qu'ils laissent délibérément vague: il arrive que des mercenaires au service de la faction loyaliste abandonnent aux armées lorraines un bourg resté loyal à Pierre le Jeune, reviennent quelques semaines plus tard après que les troupes lorraines se soient déployées ailleurs, décrète que revenir revient à "prendre une ville à l'ennemi" et en fasse prétexte pour piller le bourg qu'ils étaient à l'origine chargés de protéger.

Les armées de Bonaventure et de ses alliés ne sont pas en reste: celles-ci deviennent de pire en pire au fur et à mesure que la défaite de leur camps dans le conflit devient de plus en plus probable: les dernières années de la guerre les voient commencer à pratiquer une politique de la terre brûlée, massacrant des villages entier pour que les troupes loyalistes ne puissent profiter de leurs récoltes, et même après la défaite de leurs maîtres, de nombreuses bandes d'anciens chevaliers devenus bandits de grands chemins écumeront les routes des vallées de la Saône et du Rhône pendant de nombreuses années encore.

Le Chancelier de Bourgogne deviendra dans l'Europe médiéval un exemple de bonne gouvernance au regard de l'aristocratie car il aura su maintenir la solvabilité de la Maison de Savoie jusqu'au bout du conflit, préserver les conquêtes de son seigneur et maître et assurer qu'elles soient transmises à l'héritier de son choix. Mais ce succès aura été obtenut grâce au très lourd tribut et aux nombreux sacrifices auxquels la population de la région aura dû consentir. Si le peuple de Bourgogne est trop éreinté pour se révolter après la fin de la guerre, il n'en reste pas moins que le chancelier de Bourgogne est détesté par le peuple durant ses dernières années. Quand il meurt, le 26 Avril 1203, juste après avoir supervisé le début de l'invasion du Comté de Forcalquier, dernière enclave de la Maison d'Albon, rares sont ceux qui le pleurent.

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Ville de forcalquier

Ljutomisl Trpimirovic incarne comme peu d'hommes d'état le dévouement à la gloire d'une dynastie au dépend de tout le reste. Il aura durant le demi-siècle passé à gouverner les états de Savoie modernisé comme personne avant lui l'économie, l'administration et même l'éducation des terres sous son contrôle, et aura sans la moindre hésitation sacrifié toute ces avancées pour financer des armées et l'emporter dans une querelle de succession.

 

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Là où je n'ai eu aucun souci avec LoGH, tu m'auras quand même fait revenir 3 fois en arrière pour bien suivre un lien de famille (et géographique) dans toutes tes histoires. Et pour garder la comparaison, ton portrait du chancelier m'a rappelé quelqu'un...

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