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L'enfance de l'AAR


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J'ai pas encore pris le temps de lire tes bûches Nix, mais promis je le ferai

 

Allons, c'est pas si long, toutes ces bûches font jamais qu'une fois et demi la longueur d'un blogage sur le sexisme Geek ou 60 articles du Figaro sur les dernières théories du complot des anti-mariage-gay (qu'est-ce qu'ils font pas écrire comme connerie à leurs journalistes chez Dassaut :molo: )

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Chose promise, chose due: la bûche suivante est servie :p



Épisode 8: 1203-1226: Quand les Montagnards prennent de la Mer, Partie I: l'Éphémère Gloire d'un Prince Bâtard



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Stéphane Bernix


Bienvenue à Villefranche sur Mer, cette ville où la Montagne plonge dans la Méditerranée, et où je vous accueille aujourd'hui pour vous conter l'extraordinaire épopée maritime d'un peuple et d'une lignée de montagnards.



La Rade de Villefranche, située entre le Mont Boron qui marque la limite orientale de la ville de Nice et la péninsule du Cap Ferrat, est l'un des ports naturels les plus profonds de la Mer Méditerranée. Très appréciée des marins grecs, mais aussi et surtout des pirates, la Rade ne devient un port important que sous le règne de l'Archiduc Antonin, qui, au début de l'année 1205, convainc les paysans du village de Montolivo de s'installer définitivement sur les rives de la Méditerranée en échange de la construction d'une forteresse.



Pendant des siècles, c'est ici que siègera l'amirauté des états des Savoie, et c'est de là que le second Archiduc de Bourgogne va transformer son domaine montagnard en l'une des plus grandes puissance maritime de la Méditerranée.



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Wiliknia Moloka'i:


L'expansionnisme maritime de la Bourgogne au XIIème siècle est la c#nséquence de plusieurs facteurs. Premièrement, la maison de Savoie ne cesse de s'agrandir: elle compte au début du treizième siècle pas moins de 70 membres vivants, et l'expansion territoriale sert à trouver de nouveaux territoires à offrira en fiefs aux jeunes membres de la Maison de Savoie afin qu'ils ne détruisent pas le domaine conquis par les deux Pierres.


Il 'agit ensuite d'une question d'opportunité: la fuite en avant expansionniste est en butte à des voisins trop puissants pour être conquis:



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Yang Wen-Zhuge-Li:


À l'ouest: l'ancienne Septimanie maure est devenu l'un des territoires du royaume de Toulouse: un assemblage de territoires disjoints fondés par le Duc Étienne de Flandre, connu pour être l'un des plus grands chef militaire du XIIème siècle.


Au Nord-ouest, le Royaume de France, bien qu'affaiblit depuis la chute de la branche aînée des Capétiens un demi-siècle plus tôt reste un formidable adversaire, d'autant plus qu'aussi querelleurs soit-ils, les seigneurs français savent mettre leurs rivalités de côté pour repousser un envahisseur extérieur.


Au Nord se trouve la Lorraine des Châtenois: bien que défaits lors de la dernière guerre de Bourgogne, Béatrice de Châtenois, qui va tenir l'archiduché jusqu'à ce que son frère Magnus la renverse en 1225 reste sur son territoire en position de force par rapport aux Savoie, car celui-ci n'a pas fait l'objet de destructions massives comme le fut la Bourgogne lors de la guerre de succession entre Antonin et Bonaventure de Savoie.


À l'est, la Lombardie fait partie du domaine des Saliens, alliés de longue date des Savoie et qui, bien qu'ayant perdu le trône impérial restent en ce début de XIIIème siècle la plus puissante famille du Saint Empire.


Enfin, au Sud-est, la Ligurie est toujours sous la suzeraineté de la famille Di Lucca ayant récemment pris son indépendance des Von Raabs de Toscane, et l'influence d'Élisabetta di Lucca -la troisième et dernière épouse de Pierre le Jeune- sur la cour bourguignonne rend alors impossible toute attaque sur les domaines de cette famille.



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Wiliknia Moloka'i:


Si les voisins directs de la Bourgogne ne font pas des proies faciles, il en va autrement en Méditerranée. Alors le XIIème siècle vit les dynasties du Maghreb atteindre leur apogée quand elles contrôlèrent le Sud de l'Italie et aidèrent les seigneurs Andalous à repousser les armées des royaumes chrétiens jusqu'aux contreforts des Pyrénées, révoltes et guerres de succession les ont rapidement affaiblit au tournant des XIIème et XIIIème siècles.



Enfin, le treizième siècle est celui de l'explosion du commerce maritime: plusieurs inventions d'origine arabe et asiatique se répandent en Europe, comme la boussole et le gouvernail, mais c'est surtout l'apparition des grues, et notamment des grues portuaires qui change la donne: il devient désormais possible de monter sur les navires des mâts beaucoup plus hauts et de les charger beaucoup plus vite: les grandes cités marchandes d'Italie -Venise, Pise, Gênes, Lucques et son florissant commerce de soieries- mais aussi d'Allemagne -la puissante ligue Hanséatique est fondée au XIIIème siècle- prospèrent et préparent la renaissance: au fur et à mesure que le siècle avance, le contrôle des ports maritimes va devenir de plus en plus vital et encourager les Archiducs de Bourgogne à investir de plus en plus d'efforts et de moyens dans leurs possessions côtières, tant et si bien que c'est un marchand élevé à Pise qui prendra les rênes de la Bourgogne à la fin du XIIIème siècle.



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Grue portuaire médiévale à Gdansk



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Armond Richard:


La première cible des conquêtes maritimes d'Antonin va être la Corse. Celle-ci est alors gouvernée par le Duc Ludolf le Gros: la famille de ce descendant des Comtes de Crémone règne sur la Sardaigne et la Corse depuis 1126, quand Agapito de Crémone, vétéran des croisades andalouse reçu de récompense le Duché de Sardaigne et Corse de l'Empereur Baldemar Salien. Souvent pris pour cible et partiellement occupé par les Sultanats Zirides puis Riyahdides, ce duché est resté négligé par les empereurs germaniques après qu'ils l'eurent donné en fief aux di Cremona.



Quand la dynastie Salienne perd le trône impérial en 1191, Ludolf met à profit la révolte des cités italiennes pour déclarer son indépendance, qu'il parviendra tant bien que mal à conserver pendant un quart de siècle.



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Territoires du Duc de Sardaigne en 1205



En 1205, alors que le Sud de la Sardaigne est attaqué par les Maures Riyahdides. Antonin de Savoie prend comme prétexte le fait que les côtes du Duché de Provence sur lequel règne son frère Albin et celles du Comté de Nice sont la proie d'attaques de pirates corses pour prendre l'île d'Assaut.



Bernix:


On raconte que la conquête de la Corse est extrêmement sanglante.



Armond Richard:


Elle est meurtrière, c'est vrai, mais très peu de batailles s'y déroulent. Le Duc de Sardaigne s'appuie à l'époque sur l'ordre des Chevaliers Hospitaliers pour défendre son île principale, et ceux-ci constituent la quasi-totalité de ses troupes. Quand la Bourgogne attaque, il leur ordonne de combattre les armées d'Antonin de Savoie, mais ceux-ci s'y refusent, arguant que leur ordre ne saurait faire couler le sang de Chrétiens.



Ne pouvant pas l'emporter sur le champs de bataille, le Duc de Sardaigne va alors ordonner aux chevalier Hospitalier de prendre le maximum de denrées alimentaires aux paysans corses. Il s'agit officiellement de se préparer aux attaques maures, mais en réalité, Ludolf pense que si les envahisseurs bourguignons ne trouvent pas de quoi se nourrir, ils abandonneront l'île et va ordonner aux chevaliers de rester dans l'île pendant pas moins de trois ans.



Or, l'Archiduc Antonin va s'obstiner: afin de nourrir ses troupes, son frère le Duc de Provence qui mène l'expédition va tenter de faire venir du blé de ses terres de Provence, mais même ainsi, près d'un tiers de ses troupes va mourir de malnutrition ou dans des mutineries qu'il écrase. Les morts côté corse vont être bien pire: on estime que près d'un adulte sur cinq et un enfant sur quatre ne survie pas au premier hiver de la campagne de corse, et que les deux hivers qui suivent sont tout autant meurtriers. Par dessus le marché, contrairement aux espoirs du Duc Ludolf qui espérait que les autres monarques chrétiens lui viendrait en aide face aux Maures, il se retrouve, privé de l'essentiel de ses armées envoyées en Corse, seul face aux Riyahdides qui conquièrent le Sud de l'île. Au bout du compte, le Grand Maître de l'ordre, le chevalier Aleramo décide de ne plus obéir aux ordres de Ludolf concernant la Corse et repasse avec ses hommes en Sardaigne. Il force la main du Duc et le contraint à abandonner la Corse en échange de la continuation du soutient des chevaliers de Saint Jean.



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Antonin de Savoie conquiert en Juillet 1208 une île vidée de la moitié de ses habitants et dont tous les pirates ont fuit vers des lieux plus cléments d'où ils continueront de harceler les côtes bourguignonnes pendant de nombreuses années encore. Mais, bien que son but ai dès le départ été d'ajouter la Sardaigne à son domaine, il devra attendre plus d'une décennie avant de reprendre ses conquêtes: les tensions internes au Saint Empire Romain Germanique vont de nouveau dégénérer en multiples conflits armés: en novembre 1208,sous l'impulsion de l'Archiduc de Bohème Siegfried Salien, l'arrière-petit-fils de l'empereur Baldemar et le Petit Neveu de l'empereur Christophe, qui se considère comme le souverain légitime du Saint Empire, les Saliens se révoltent. Maître de la Bohème, mais aussi de la Lombardie, de l'ancien duché Lombard du Bénévent ainsi que Naples et Amalfi, Les Saliens restent alors, malgré la perte du trône impérial, la plus puissante famille du Saint Empire et sont rejoints par les seigneurs de Poméranie, de Lucques, du Brabant… Une alliance qui paraît alors capable de renverser l'Empereur Dietpold.


Antonin se retrouve dans une situation intenable: les Savoie furent les plus grands alliés des Saliens du temps de leur splendeur, or ils sont entrés en rébellion. par dessus le marché, il est allié à Adélaïde von Holstein, l'épouse du Comte de Nassau Stéphane Ludowiger, et elle même duchesse du Vestlandet -domaine scandinave acquis par le Saint Empire durant le règne de Baldemar Salien- et de la Moravie, dont la fille Haziga est l'épouse de Buonconte de Savoie, fils et héritier désigné d'Antonin, récemment élevé au rang de Chancelier de Bourgogne et de Comte de Corse.



Elle refuse de se joindre à son voisin Siegfried Salien et reste loyale à l'empereur Dietpold, mais Martin Nakonid, duc de Modène et Vérone, maître espion de de l'Empereur Dietpold, est convaincu que les Ludowiger, dont la maison tint le trône impérial durant 7 ans entre le règne de Christophe Salien et celui de Deitpold Rapotonen, ont des vues sur le trône et qu'Adélaïde von Holstein garde en réserve le gros de ses troupes afin d'achever le vainqueur affaiblit du conflit entre l'Empereur Dietpold et Siegfried Salien et de mettre son époux, malade et dépendant d'elle, sur le trône impérial.



Alors que la campagne contre le prince rebelle Siegfried bat son plein, le Duc Martin Nakonid se lance dans une guerre personnelle contre Adélaïde von Holstein, créant de ce fait une seconde source de tensions entre l'archiduc de Bourgogne et l'Empereur Dietpold, Antonin de Savoie se voyant contraint d'entrer lui aussi en guerre contre le maître espion d'un empereur auquel il jure ses grands-dieux être resté loyal.



Durant les quatre années que durera la révolte de la "Ligue de Meissen" (le nom donné aux fidèles de la Maison Salienne), la position de la maison de Savoie, officiellement toujours fidèle au trône impérial, mais refusant d'attaquer la Lombardie et en guerre contre un proche de l'empereur, sera donc des plus instables, d'autant plus qu'une autre famille alliée aux Savoie, les di Lucca, va les trahir: malgré l'influence qu'Elisabetta di Lucca exerce sur la cour de Bourgogne et sa promesse que les armées de Bourgogne ne seront pas employées directement contre Lucques, ses cousins n'hésitent pas à envoyer leurs troupes envahir et à occuper Saluces et le Monfrat.



La révolte Salienne s'achève le 25 Mars 1212 au terme d'une violente bataille près de Dresde -alors un simple village de pêcheurs- durant laquelle l'empereur Dietpold doit se faire amputer quatre doigts à la main droite alors que Siegfried Salien, grièvement blessé à la colonne vertébrale, perd l'usage de ses bras et de ses jambes. La Ligue de Meissen, défaite, est contrainte à capituler, et la maison Salienne va connaître un déclin accéléré: elle perd toute influence à la mort de Siegfried Salien en 1224, quelque mois après la mort suspecte de Ludwig son fils unique âgé d'à peine 12 ans. Ordulf von Raabs, son successur -descendant du Duc Eginolf de Toscane, et arrière petit fils de Casper Salien, l'un des frère de l'empereur Baldemar- mettra à profit le vide de pouvoir pour s'imposer comme le nouvel Archiduc de Bohème et se montrera prompt à isoler les restes de la Maison Salienne, qui s'éteindra finalement en 1288 avec la mort de Dorothée Salien, dernière descendante de l'empereur Henry IV.



Quant à Adélaïde von Holstein, elle est défaite par Martin Nakonid, qui l'oblige à renoncer à ses possessions en Moravies qui sont transmises à Siegfried Rapotonen, fils cadet de l'empereur Dietpold fils et héritier des Comtes de Brno par sa mère.



La victoire à la bataille de Dresde ne signifie pas la fin des ennuis, que ce soit pour l'Archiduc de Bourgogne ou pour l'Empereur Dietpold: à la révolte des Saliens s'ajoute une guerre contre la Croatie et la République de Venise: La Croatie ayant perdu l'essentiel de son territoire au profit de l'Empire Byzantin au début du XIIème siècle, la dynastie régnante des Trpimirovic s'est elle aussi tournée vers la mer pour trouver un second souffle. Alliée à Venise, les armées du Roi Croate ont servi la Sérénissime République comme mercenaires et leur alliance s'est imposée comme la puissance maritime dominante en mer méditerranée, une domination qu'à l'époque seule la République de Pise, nominativement une vassale du Saint Empire Romain Germanique mais jouissant à la fois d'une grande autonomie et d'une grande influence sur la cour impériale, lui dispute en Méditerranée Occidentale.


l'Empereur Dietpold, influencé par les familles marchandes pisanes, va disputer le contrôle de la Mer Adriatique à Venise, ce qui va amener la cité des doges et ses alliés Croates à déclarer la guerre au Saint Empire durant la révolte des Saliens. Soutenu par l'énorme richesse des grandes familles vénitiennes, les armées croates, mais aussi des mercenaires italiens, bulgares, et même arabes et turcs -la Croatie ayant à l'époque étendue son emprise sur les Pouilles et la Lybie, ce sont des navires croates qui transporteront les mercenaires musulmans répondant à l'appel de l'or vénitien- vont déferler sur les côtes italiennes. Le Bénévent, resté intouché pendant la révolte des Saliens, sera mis à sac, et la menace des galères vénitiennes poussera le Pape à prendre parti pour Venise et à menacer d'excommunication l'Empereur Dietpold, qui fini par capituler en 1215, après avoir enfreint la trêve qu'il avait signé l'année précédente en sacrifiant en vain des milliers de soldats qu'il envoya sans succès à l'assaut de la Lagune, et, contraint et forcé, laisse à Venise et ses alliés Croates le contrôle de l'Adriatique.



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En rouge: la coalition opposée à l'Empereur Dietpold: Ligue de Meissen (Siegfried Salien et alliés) et Alliance Croato-Vénitienne



Sur le territoire d'une Bourgogne en lui-même, des troubles liés à une intensification de l'immigration grecque apparaissent:



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Wiliknia Moloka'i:


L'interrègne Bashiride qui dure de 1166 à 1223 débute quand le grand général et vizir kurde Bashir le conquérant, qui tint un Empire Byzantin résurgent en échec en Syrie après de nombreuses défaites subies par la dynastie Fatimide, écarte du pouvoir politique le Calife Tajuddin. Au moment où la Corse passe sous domination savoyarde, son petit-fils Bashir II, écrase militairement l'empire byzantin et s'empare de l'Arménie. À cet événement, s'ajoute la révolte de la majorité des seigneurs byzantins contre Grégoire l'Inepte, un jeune homme couronné empereur à 6 ans après la mort brutale après seulement deux ans de règne de l'empereur Philippe IV lors de la bataille de Trébizond, remportée de justesse par les Byzantins. Bien trop jeune pour gouverner, il se montre incapable de faire face aux coups de boutoirs du Sultan Bashir ibn Rafiq ibn Bashir el-Fātiḥ et la perte de l'Arménie provoque la fronde de l'essentiel des généraux byzantins, qui finissent par s'emparer de Constantinople en 1217, font castrer Grégoire et lui crèvent les yeux avant de l'exiler dans un monastère de Crête où il restera enfermé jusqu'à sa mort en 1241. Les généraux victorieux installent alors sur le trône l'oncle de Grégoire: Niketas, un demeuré notoire facile à contrôler.



La conquête de l'Arménie et la guerre civile qui déchire alors le reste de l'empire byzantin va pousser un grand nombre d'Arméniens et de Grecques d'Anatolie à chercher refuge plus à l'Ouest. La Bourgogne, où une communauté greco-arménienne vit depuis plus d'un siècle, va ainsi faire l'objet d'une immigration grecquo-arménienne qui va renforcer la présence de l'église Orthodoxe dans les terres Bourguignonnes.



Avec l'arrivée des armées mongoles en terres slave, la Bourgogne, terre nommément catholique mais dont les souverains jouissent d'une réputation de tolérance à l'égard des autres sectes chrétiennes et qui abrite une importante communauté orthodoxe, va attirer des réfugiés slaves orthodoxes qui vont s'intégrer à la communauté gréco-arménienne déjà présente ou s'en aller s'installer dans les territoires insulaires conquis au XIIIème siècle ce qui va fortement -et durablement- affecter la population bourguignonne, la rendant plus diverse -au début du quatorzième siècle, l'Église Orthodoxe latine, dont les premières mentions sont faites en Provence en 1229, rassemble au début du XIVème siècle trois sujets de la Maison de Savoie sur dix- et plus cosmopolite, mais ces changements ne se font pas sans heurts: les révoltes paysannes motivées par l'hostilité à l'égard des nouveaux venus, l'inimité croissante des papes à l'égard de la Maison de Savoie quand celle-ci refusera de convertir de force ou d'expulser sa minorité orthodoxe, et les complots d'une partie des seigneurs catholiques contre la branche régnante de la Maison de Savoie vont se multiplier.



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Armond Richard:


Quand la révolte Salienne s'achève, Boniface de Savoie, le fils du Duc rebelle Bonaventure, prend prétexte de la permission donnée par Albin de Savoie -avec la bénédiction de son frère aîné- à la construction d'une Cathédrale orthodoxe à Marseille pour convaincre plusieurs seigneurs germanique -dont la puissante Béatrice de Lorraine- de l'aider à renverser Antonin. Plus prudent que son père, celui-ci n'hésite pas à faire enfermer son petit neveux une fois qu'il a rassemblé assez de preuves contre lui et à placer plusieurs milliers de soldats aux frontières de la Haute Bourgogne, au cas où celle-ci se soulève. Boniface mourra dans les geôles d'Aoste le 28 Juin 1215 après près de trois ans de captivité.



Ce n'est qu'au début de l'année 1217, l'année où les armées mongoles arrivent sur les bords de la Mer d'Aral, qu'Antonin de Savoie est finalement en mesure de reprendre ses conquêtes en s'attaquant à la Sardaigne. Celle-ci a finalement vaincu les Riyahdid avec l'aide des Chevaliers Hospitaliers, mais, affaiblit par le conflit, le Duc Étienne, le petit fils de Ludolf n'a plus les moyens de faire face à la puissance de la Bourgogne et doit capituler au milieu de l'été de cette même année.



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Wiliknia Moloka'i:


Alors que les troubles internes au Saint Empire ont dans un premier ralenti les ambitions de l'Archiduc de Bourgogne, la conquête de la Sardaigne suite à une campagne rapide face à un ennemi éreinté va être très vite suivi d'une seconde campagne militaire, celle-là visant les Baléares.



Il met à profit le déclenchement de l'ultime croisade andalouse: La dynastie des Vizir Hasan règne sur Séville depuis 1140 et ont réussi à résister aux coups de boutoir des armées françaises, navarraises et écossaises: un outrage que ne tolère plus le Vatican. Le jour de Pâques de l'année 1211, le Pape Formose II déclare la Croisade pour Séville afin de mettre fin au dernier état non-chrétien de la péninsule ibérique. Le vizir Hasan de l'époque, Simon-Abdoul le quatrième, n'est âgé que de 15 ans et tout comme le Sultan de Séville dont il est officiellement le serviteur, il n'est qu'un monarque sans pouvoir dont le régent et les ministres peinent à contrôler une cour dont les membres les plus talentueux ont déjà pris la fuite pour se réfugier au Caire.



Le seul allié sur lequel Séville peut encore compter est le Sultanat Berbère des Hammadides, qui a à cette époque étendu sa domination sur le Maroc et s'est enrichi par ses échanges avec l'Empire Malien.



Or l'Archipel des Baléares est alors sous son contrôle et est un point stratégique important d'où des attaques contre les côtes françaises peuvent être lancées.



Antonin de Savoie, élevé dans un milieu à dominance orthodoxe, n'est guère intéressé par la défense de l'Église Catholique Romaine. Ceci-dit, faisant l'objet de critiques des seigneurs catholiques au sujet de sa trop grande "complaisance" à l'égard des orthodoxes -par là il faut comprendre qu'il n'oppresse ni n'essaye de convertir de force la minorité orthodoxe de son domaine- qui n'hésitent pas à comploter ouvertement contre lui, il décide que Conquérir les Baléares représente une excellente opportunité d'étendre son territoire tout en améliorant ses relations avec Rome.



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transition vers une vue aérienne de Villefranche.


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Bernix:


En Octobre 1218, alors que la guerre fait rage sur la péninsule après la prise de Grenade par les troupes françaises et que Séville est assiégée, Antonin de Savoie se joint officiellement à la Septième Croisade. et envoie son frère Castore à Villefranche préparer l'invasion des Baléares.



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Yang Wen-Zhuge-Li:


Les préparations -notamment la mobilisation d'une large flotte dispersée entre Marseille et la Sardaigne- prend plus de temps que prévu, et c'est avec un an de retard que Castore débarque dans un premier temps sur l'île de Minorque par la rade du Port de Mahon -Aujourd'hui Port-Castore-: il tire profit du port naturel situé à l'extrémité opposée l'île par rapport à la citadelle de Medina Al Jazira où sont concentrées l'essentiel des troupes berbères chargées de défendre l'Archipel. À la surprise des Hammadides, qui s'attendaient à voir débarquer les armées de Bourgogne à Majorque et croient à une diversion jusqu'à ce qu'il soit trop tard, Castore va prendre son temps: laisser ses soldats se reposer de leurs voyages -non pas le voyage en mer, assez rapide malgré les pluies incessantes et la mer agitée, mais le long voyage des vallées alpines qui composent l'essentiel du territoire de Bourgogne continentale vers le Comté de Nice et la Rade de Villefranche- et se préparer avec soin à l'attaque de la citadelle. Quand les armées Berbères réalisent que le gros des armées bourguignonnes a bel et bien débarqué sur la plus septentrionale des îles baléares, ils quittent leur forteresse et vont à la rencontre des armées de Castore de Savoie. La grande bataille de Medina Al Jazira des 20 et 21 décembres 1219 oppose au milieu de la Méditerranée deux armées de montagnards: près de 10.000 soldats et chevaliers bourguignons venu des Alpes Occidentales affrontent plus de 11.000 guerriers berbères venu de tout l'Atlas: un quart des soldats Bourguignons et plus de la moitié des guerriers berbères y perdent la vie.



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Rade de Port Castore



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Centre Historique de Port Castore



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Désorganisés, ayant perdu bon nombre de leurs officiers, les armées berbères se replient sur leur citadelle d'où ils évacuent l'île en direction de Majorque. Castore décide à nouveau de prendre son temps et d'assurer le contrôle de Minorque avant de les poursuivre. Si sa patience paya la première fois, elle se révèle être une erreur tactique la seconde: quand il atteint Medina Mayurqa -l'actuelle Palma de Majorque- les armées berbères ont elles aussi eu le temps de se reposer et de se préparer à la venue du général savoyard: bien qu'ayant reçu près de trois-mille homme en renfort et ayant l'avantage du nombre, la conquête de la capitale des Baléares, défendu par les survivants de la bataille de Medina Al Jazira, tient de la victoire pyrrhique pour Castore de Savoie: un tiers de ses troupes perdent la vie dans l'assaut du port, et même vaincus, l'essentiel des défenseurs de la cité échappent à la capture et se replient soit sur Ibiza, soit sur l'intérieur des terres et notamment la chaîne montagneuse de la Tramontane.



Loin de s'avouer vaincus, les guerriers berbères repliés sur Ibiza se réorganisent rapidement, contournent la flotte bourguignonne et prennent d'assaut Minorque, débarquant le 15 Septembre exactement là où Castore mouilla sa flotte moins d'une année plus tôt, et ils écrasent sans peine les quelques compagnies laissées par Castore pour défendre l'île. Celui-ci doit alors quitter Majorque, et affronte une nouvelle fois les guerriers Hammadides aux pieds de la Citadelle de Medina Al Jazira le 21 Octobre 1220: les guerriers berbères, bien qu'indubitablement meilleurs guerriers que les troupes de Castore -pour l'essentiel composées de renforts inexpérimentés n'ayant pas pris part aux sanglantes batailles des mois précédents- cèdent finalement à l'épuisement et le général savoyard remporte une victoire écrasante.



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La conquête des Baléares n'est pas finie pour autant: si Castore a réussi à prendre son principal port, la plus grande île des Baléares est toujours pour l'essentiel sous contrôle berbère. Ceux-ci vont passer près de six ans à résister et à mener des raids contre les principales cités côtières sous contrôle bourguignon, même après la capitulation de leur Sultan en 1223.



En mai 1222 des renforts venus du Maroc -plus de 4.000 hommes- débarquent sur la petite île de Formentera. Castore, craignant qu'il ne s'agisse là que d'un premier arrivage attaque immédiatement l'île et remporte une victoire facile. Sage décision: quelques semaines plus tard, plus de 5.000 guerriers berbères attaquent Port Mahon alors que les troupes de Castore, retournée à Majorque, sont trop prises par les raids menés par les guerriers berbères repliés sur la Sierra de la Tramontane, au Nord-Ouest de l'île et incapable de rejoindre Minorque: ce sont des troupes menées par le Duc de Provence Albin de Savoie qui parviennent à déloger les troupes Hammadides au début de l'année 1223.



Bien que le Sultan Hammadide capitule le mois suivant et abandonne à Antonin de Savoie l'archipel des Baléares l'île de Majorque va être le dernier théâtre de batailles de la Reconquista. Séville est prise par les Croisés le 21 Janvier 1224, et le dernier vizir de Séville perd peu après le contrôle de son dernier bastion de l'Algarve à la prise de Faro par le prince d'Écosse Adam le Cruel, l'oncle du roi Laurence d'écosse.



Durant cette période, les villes passées sous contrôle bourguignon font encore et toujours l'objet de raids de la part de guerrier berbères qui, jouissant de la sympathie, voire de la complicité des paysans musulmans qui vivent dans l'archipel, parviennent toujours à se replier vers leurs cachettes dans les montagnes du Nord-Ouest de l'île de Majorque.



La défaite finale des derniers résistants berbères à la conquête des Baléare a lieu à l'ombre des montagnes qui leur serve de refuge. Au début de l'automne 1226, Castore de Savoie fait venir en secret près de 2000 hommes de son Duché de Lyon: ayant appris que les guerriers berbères se repliaient souvent dans leurs montagnes en passant par la région d'Al-Kudia, un port situé au nord-est de l'île, il laisse les berbères mener des raids sur la côte orientale de l'île et fait débarquer ses nouvelles troupes dans la baie de Pollença, située au nord d'Al-Kudia, afin de leur couper leur repli. La dernière bataille de la Reconquista se déroule aux portes d'Al-Kudia: les derniers guerriers berbères y sont massacrés, mais ils parvient lors d'un ultime assaut désespéré à infliger une blessure mortelle à Castore: le Conquérant des Baléares y meurt à l'âge de 46 ans le 18 Octobre 1226



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Port et baie d'Al Kudia; la baie de de Pollença se situe à l'arrière plan.


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Épisode 9: 1226-1254: Quand les Montagnards prennent de la Mer, Partie II: Itinéraire d'un enfant trop gâté.

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Bureau d'universitaire ordonné

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Armond Richard:

L'expansion de la Bourgogne vers les îles méditerranéennes cause de profondes mutations dans la société de l'Archiduché: sa population explose sous les effets conjugués de la forte croissance démographique des XIIème et XIIèmes siècles (l'Europe atteint pour la première fois de son histoire les 100 millions d'habitants à cette époque), de l'expansion territoriale vers des territoires plus cléments et faciles à cultiver (les îles baléares possèdent à l'époque autant de surface agricole que le Comté de Savoie originel bien que couvrant un territoire pratiquement trois fois moins étendu), de l'assimilation des populations locales des territoires conquis et des migrations: entre la mort du chancelier Ljutomisl Trpimirovic et le début du XIVème siècle, le nombre de sujets de la Maison de Savoie passe de quelques deux millions à plus de sept millions et demi.

Les centres démographiques se déplacent également, la population devenant également de plus urbaine et s'organisant autours de centres éloignées des bastions traditionnels de la maison de Savoie: les principales cités piémontaises et savoyardes (Aoste, Aste, Turin, Chambéry….) voient leur population culminer à 15-20.000 habitants et voient les cités de la Vallée du Rhône (Lyon, Aix, Marseille…) mais aussi les cités portuaires (Port-Castore, la capitale de fait des Baléares, mais aussi Palma de Majorque, Cagliari en Sardaigne, Naples, conquise dans la seconde moitié du XIIIème siècle) les dépasser en population.

Enfin, elle devient à la fois plus diverse et plus éduquée: au XIIIème siècle dans les États de la Maison de Savoie, on s'exprime selon les provinces dans dialectes Franco-Provençaux (Valdôtain, Savoyard…), en Occitan, en Piémontais, en Grec, voire en Arabe… toute une classe moyenne éduquée de marchands, bureaucrates, officiers polyglottes capable de s'exprimer et d'écrire en plusieurs langues se développe et joue un rôle de plus en plus important dans une Bourgogne qui contrôle de désormais les îles de Méditerranée Occidentale.

La Maison de Savoie elle-même devient de plus en plus cosmopolite: ses membres vont jusqu'à se marier au dehors du monde Chrétien: ainsi Sviatopolk de Savoie, Duc des Baléares de 1245 à 1296, l'homme qui réussira à définitivement pacifier l'archipel par la politique plutôt que par les armes et à en faire un réel avantage stratégique et économique épouse Zeïnab Traoré: membre de l'une des puissantes familles du Ghana dont sont issus plusieurs Vizirs des empires du Ghana et du Mali, et fut l'éphémère épouse du Roi d'Écosse Constantine IV qui l'avait épousé en signe de paix vis à vis de l'empire du Mali, avant de s'en retourner vers des contrés plus clémentes après son veuvage et son remariage avec Sviatopolk.

Plutôt que de chercher à tirer alliances et contreparties politiques de ces mariages, la maison de Savoie préfère encourager les échanges commerciaux et culturels, ce qui affecte plus encore la société Bourguignonne, qui voit ainsi des caravaniers maliens débarquer de Navires Pisans dans les Ports de Cagliari et Marseille, ou des érudits chinois en route pour Tombouctou faire un crochet par l'Université de Chambéry.

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Cour de l'expansion des Charmettes de l'Université de Chambéry, dite "Cour des Maliens"

Bernix:

Cette mutation n'est quand même pas immédiate

Armond Richard:

Bien sûr que non: elle se produit tout au long du XIIIème siècle, mais dès le règne d'Antonin, les avantages qu'il y a à posséder plusieurs têtes de ponts en méditerranée sont évidents. Et il décide très vite, malgré la mort de son meilleur général à Majorque, de se tourner vers la Sicile.

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Wiliknia Moloka'i:

La puissante Dynastie Riyahdid qui au sommet e sa puissance règne sur un territoire qui va d'Alger aux frontières égyptiennes ainsi que la Sicile et le Sud de l'Italie et dont les armées sont parvenues à deux reprises aux portes de Rome va voir son domaine éclater sous l'effet de querelles dynastiques durant le premier quart du XIIIème siècle. Le premier souverain chrétien à tirer profit de l'affaiblissement des Riyahdides ne va pas être l'archiduc de Bourgogne mais l'Empereur du Saint Empire Romain germanique: en 1220, une première expédition, emmenée par des navires de Pise, débarque en Afrique du Nord. Alors même que les armées bourguignonnes peinent à arracher les Baléares aux guerriers berbères Hammadides, les armées germaniques, qui n'ont pas participé directement à la Septième Croisade, prennent pied en Tunisie. L'effort expansionniste du Saint Empire va continuer sous le règne de l'empereur Ernst Rapotonen, l'héritier de Dietpold, et la Tunisie, le cœur du Sultanat Riyahdide, est presque intégralement conquise en 1228.

Cela ne se fait pas sans sacrifice pour le trône impérial: le Comte de Padoue Ordulf von Raabs, petit fils de Casper Salien, le frère de l'empereur Baldemar, hérite de l'Archiduché de Bohème à la mort de Siegfried Salien. Profitant de la période d'instabilité qui suit le décès de l'Empereur Dietpold en Mars 1225, il arrache la Moravie à Siegfried Rapotonen en décembre de cette même année.

Les von Raabs, la maison des Ducs de Toscane, se retrouve ainsi à la tête d'immenses domaines pris à une Maison Salienne en déliquescence après la mort de l'Archiduc Siegfried et à une Maison Rapotonen en crise après sa défaite contre Venise et la mort de l'Empereur Dietpold et devient la plus puissante des familles nobles du Saint Empire, contrôlant l'essentiel de l'Italie et la Bohème Moravie.

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Territoires des von Raabs Praguois et de leurs Alliés à la veille de l'indépendance de la Bohème

Alors que certains contemporains voient déjà les von Raabs -de vieux ennemis de la Maison de Savoie- sur le trône impérial, la famille va se scinder en deux: les von Raabs de Toscane se considèrent comme la branche aînée de la lignée, bien que la Comtesse Christine de Padoue, l'arrière grand-mère d'Ordulf, fut la sœur aînée de Théodoric von Raabs dont descend la branche toscane de la famille. Bien qu'influente, cette branche n'a ni la puissance militaire ni la richesse de l'ambitieux Ordulf de Bohème, qui refuse de se contenter du rôle de brillant second, et refuse d'appuyer leurs ambitions impériales.

Le 20 Mai 1228; moins de deux semaines après la défaite du Sultan Riyahdide, Ordulf von Raabs qui sait ne pouvoir compter sur le soutien de la branche toscane de sa famille s'il en venait à revendiquer le trône impérial pour lui-même, surprend toute l'Europe en se proclamant unilatéralement Roi de Bohème et d'Italie indépendantes. Et si la branche toscane des von Raabs fait immédiatement savoir qu'ils refusent de s'associer à leur cousin, bon nombre de cités Italiennes prennent son parti.

L'Empereur Ernst est alors pris dans une situation impossible: les Riyahdid règnent toujours sur les côtes algériennes et sur l'essentiel de la Sicile et la route maritime menant de Pise, le grand port du Saint Empire sur la Méditerranée à Tunis menace d'être coupée à tout moment, réduisant sa récente conquête à néant. Décidant de privilégier les territoires qu'il vient de conquérir, l'Empereur Ernst dédie l'essentiel de ses ressources à consolider sa position en Afrique du Nord. Il fat venir des milliers de Soldats supplémentaires avec lesquels il conquière la Kabylie leur d'une campagne éclair qui se déroule d'Avril 1232 à Avril 1233.

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Possessions africaines du Saint Empire après la conquête de la Kabylie

De son côté, l'Archiduc de Bourgogne va -avec la bénédiction de son empereur, se focaliser sur la Sicile qu'il attaque juste après la prise de la Tunisie par Ernst Rapotonen. Il prend dans un premier temps pour cible les parties de l'île sous contrôle maure, l'Empire Byzantin y contrôlant encore quelques enclaves.

Bernix:

Mais les troubles qui agitent l'Empire Byzantin continuent.

Wiliknia Moloka'i:

Tout à fait: à l'Est, le Calife Fatimide Ibrahim (qui a repris l'ascendant sur les Bashirides en 1223 après les morts prématurées de Bashir II -qui passe les dernières années de sa vie à tenter -sans succès- de préparer une contre attaque contre les Mongols qui ont déferlé sur l'Empire Perse Seldjoukide- et de son fils Ahmad qui ne règne que 4 mois, laissant le pouvoir au jeune Bashir III, âgé de 13 ans à peine à son couronnement en 1220) étend son empire vers l'Anatolie centrale, continuant les conquêtes entamées par le Sultan Bashir le Conquérent près de 60 ans plus tôt.

À l'Ouest, la partie Balkanique et les dernières enclaves byzantines d'Italie entrent en révolte quand, en 1234, l'empereur Nikodème s'empare du pouvoir en faisant crever les yeux à son prédécesseur Athanasios. Nikodème finit lui-même par être victime de la rébellion qu'il déclenche en perdant la vie sur le champs de bataille face au Comte de Messine en 1236, laissant le trône à sa fille Sybille qui est proclamée impératrice à l'âge de quatre mois à peine.

Souhaitant tirer profit de l'affaiblissement de Byzance, Antonin donne à son demi-frère Aymond -le deuxième fils de Kéra Trpimirovic qui fut l'écuyer puis le compagnon d'arme de son grand-frère Castore- qu'il a chargé de mener la campagne de Sicile l'ordre de s'emparer également des enclaves byzantines situées au Sud de l'île. Il ne voit pas l'aboutissement de sa conquête: il meurt à 70 ans le 22 Juin 1239 et c'est son fils et chancelier, Buonconte, élu par les Seigneurs de Bourgogne pour lui succéder, qui supervise la fin de la campagne de Sicile qui s'achève sur la conquête de toute l'île à l'exception de Messine le 9 Janvier 1240.

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Sicile et troupes Savoie à la veille de l'attaque des possessions byzantines autour d'Agrigente

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Armond Richard:

Antonin de Savoie qui souhaite préparer son dauphin à prendre sa suite, s'inspire du système capétien des co-roi et élève Buonconte au rang de Chancelier très tôt. Ironiquement, si Buonconte de Savoie sera associé de près au gouvernement de l'Archiduché de Bourgogne, il ne règnera que six petites années sur celui-ci.

Son court règne est surtout gardé en mémoire pour la conquête de Gênes: le 20 Mai 1239, l'Empereur Ernst Rapotonen accepte de reconnaître, contraint et forcé l'indépendance d'u Royaume de Bohème qui englobe en plus de la Bohème-Moravie, la Lombardie, le Midi Italien et compte parmi ses états-clients les Républiques de Lucques, Ancône et Spolete.

Mettant à profit l'éclatement territorial de cette alliance et animé par le désir de renvanche contre Lucques pour l'attaque des marquisats de Saluces et du Monfrat, il lance au printemps 1241 ses troupes à l'assaut de la Ligurie. les Maîtres de Lucques ont beau appeler leurs alliés Italiens et Allemand à l'aide, le roi Ordulf Ier n'ose pas dégarnir ses propres frontières, craignant que l'empereur Ernst Rapotonen ne saute sur l'occasion pour l'attaquer. Si les autres cités Italiennes indépendantes se joignent à Lucques, elles ne peuvent empêcher la défaite de leur allié qui abandonne Gênes et la Ligurie le 25 Avril 1243.

Bernix:

La santé de Buonconte est déjà sur le déclin à cette époque, n'est-ce pas?

Armond Richard:

Il est probable que Buonconte souffre d'une force précoce de la maladie d'Alzeihmer, un mal que ce qui tient lieu de médecine à l'époque est bien incapable de diagnostiquer de quelque manière que ce soit; et que ses facultés aient déjà été diminuées au moment où il succède à son père. Quand Gênes est finalement conquise, Buonconte ne se montre déjà pratiquement plus en public. Sa démence sénile précoce ne devient de notoriété publique qu'en 1245, moins de deux mois avant sa mort, à un moment où il ne reconnaît même plus ses propres enfants.

Le naufrage intellectuel de Buonconte a également des conséquences dans la guerre qui oppose depuis 1242 la coalition emmenée par son allié le Duc Bernard Premier de Franconie contre l'Archiduc de Lorraine Budziwuj le sanguinaire: l'archiduc de Bourgogne n'étant plus en état de commander ses propres troupes la Bourgogne, bien qu'ennemie de la Lorraine Châtenoise depuis un demi-siècle, ne participe pas directement au conflit et se contente de fournir une aide logistique substantielle, certes, mais bien inférieure à ce qui aurait pu être si celle-ci avait été gouvernée par un seigneur en pleine possession de ses facultés, ce qui explique en partie la durée du conflit -neuf ans- et par c#nséquent les dégâts occasionnés par deux armées qui dévastent une décénie durant les contrées qu'elles se disputent sans qu'aucune ne parvienne à prendre le dessus sur l'autre.

L'intendant des finances de Bourgogne, Matthaios de Savoie, proclamé Duc de Gênes et favori de Buonconte du temps où il était encore à peu près sain d'esprit pour lui succéder ne parvient pas à s'imposer car fidèle à l'église Orthodoxe Latine: les seigneurs de Bourgogne lui préfèrent un homme qui n'attirera pas sur eux les foudres du Vatican, et c'est l'un des petit-fils de Castore, le jeune Constantin de Savoie, âgé à peine de 18 ans et élevé au rang de Duc de Sardaigne et des Baléares quand Buonconte fut proclamé archiduc, qui est élu par des seigneurs de Bourgogne qui espèrent ainsi mettre à la tête de l'archiduché un tout jeune homme facile à manipuler. Il s'en mordront bientôt les doigts.

L'archiduc Constantin est le fils de Périclès de Savoie, le benjamin de feu Boniface de Savoie, mort dans les geôles de l'Archiduc Antonin et d'Albina Castoride, la fille cadette de feu le prince Castore.

Le mariage de ses parents, célébré en 1224, se veut un symbole de la réconciliation de deux branches ennemies de la Maison de Savoie. En réalité, Périclès a passé toute son enfance à Lyon otage de Castore afin de garantir la loyauté et l'obéissance des Ducs de Haute Bourgogne, et son mariage avec la fille de son geôlier s'inscrit dans la même logique.

Si Castore avait survécu à sa conquête des Baléares, Constantin n'aurait probablement pas joué un très grand rôle dans l'histoire de la maison de Savoie: or la mort du demi-frère d'Antonin à Al-Kunia déclenche une réaction en chaîne qui va durablement altérer l'histoire de l'archiduché bourguignon: le fils ainé de Castore, Clément, n'a que sept ans quand il succède à son père comme Duc du Dauphiné. trop jeune et mal entouré, ce dernier est écarté du pouvoir par le Comte de Vienne Ermenegilde de Savoie

Lorsque que l'archiduc Buonconte succède à son père, il fait du jeune Constantin -alors âgé de 12 ans- et sa mère Albina respectivement Duc et Régente de Sardaigne et des Baléares: il s'agit alors d'assurer à la branche Castoride des Savoie, dont le fondateur fut l'un des plus fidèles allié de l'archiduc Antonin, le maintien de son rang au sein de la noblesse bourguignonne après la perte du Dauphiné.

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Wiliknia Moloka'i:

Constantin Castoride est un dirigeant désastreux. Quand il succède à Buonconte, il n'a aucune réelle expérience de gouvernement, sa mère ayant jusque là administré pour lui ses duchés, et il se montre très vite aussi téméraire et arrogant qu'incompétent: il s'intéresse davantage aux commérages des serviteurs de son palais qu'au gouvernement, il choque sa cour en mettant cavalièrement la veuve de son prédécesseur dans son lit, le tout en exsudant une très haute opinion lui-même et de très grandes ambitions:

Il heurte la cour impériale en rebaptisant son domaine "Grand Royaume Bourguignon des Alpes Maritimes" et tout en s'arrogeant le titre de "Souverain des Montagnes et de la Mer" et n'hésite pas à faire savoir à qui veut l'entendre qu'il s'en ira conquérir toute la péninsule Italienne.

Ses fanfaronnades vont très vite fragiliser son règne et alimenter les crises à venir, mais c'est surtout son aventurisme militaire qui va manquer de peu de provoquer l'effondrement total de la maison de Savoie.

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Yang Wen-Zhuge-Li:

À l'arrivée de Constantin au pouvoir, beaucoup s'attendent à ce que la Bourgogne joue un rôle plus actif dans le conflit qui oppose la Franconie et ses alliés à l'Archiduc de Lorraine. Or le nouveau maître de la Maison de Savoie n'en fait rien. Persuadé que son beau-père n'a pas besoin de son aide pour mâter l'Archiduc de Lorraine, Constantin, qui se voit déjà égaler les conquêtes de ses prédécesseurs et étendre l'influence de la Maison de Savoie, se tourne vers Messine.

Malheureusement pour lui, la guerre civile qui secouait l'empire byzantin s'est achevée durant le règne de Buonconte, et quand Constantin attaque la dernière fraction de la Sicile encore sous contrôle Byzantin, il se retrouve vite face à une puissance militaire bien supérieure à la sienne, et sa Campagne de Sicile vire à la catastrophe.

Les armées qu'il mène en personne prenne dans un premier temps d'assaut la garnison byzantine de Lipari, la capitale des îles Éoliennes, qui fait alors partie du Comté de Messine. si la capitale de l'Archipel est prise sans grand mal à l'automne 1245, les armées de Savoie, trop confiantes, voient débarquer au mois de février de l'année suivante plus de 20.000 gardes varègues venus au secours des enclaves byzantines: ces soldats mercenaires d'élites, descendants des Vikings, écrasent les armées savoyardes, et Constantin n'échappe à la mort que de justesse, prenant la fuite avec les restes de son armée détruite et se repliant sur le port de Cefalu, où ils reçoit le renfort de mercenaires lombards attachés au service de la Maison de Savoie.

Il parvient dans un premier temps à y tenir en échec les gardes varègues qui l'ont pris en chasse au prix d'une bataille extrêmement sanglante qui coûte la vie à la moitié des mercenaires Lombards venus à son secours. À l'issue de cette bataille, les gardes varègues se replient sur Lipari qu'ils évacuent à la fin du mois de novembre 1246, laissant à Constantin l'impression que la guerre tourne en sa faveur: convaincu d'avoir obtenu à Cefalu une victoire majeure, il délaisse les îles éoliennes et pousse ses troupes à passer le détroit de Messine en destination de la Calabre elle aussi sous contrôle Byzantin et assiège Reggio de Calabre, le principal port byzantin d'Italie. Cette gravissime erreur aboutit au désastre de Reggio: ses armées sont prises en tenaille entre les gardes varègues qui tiennent la ville, les armées byzantines de Calabre qui les prennent à revers, et des renforts venus de Constantinople qui envoient la flotte savoyarde par le fond avant de se joindre aux défenseurs de Reggio pour donner le coup de grâce. L'intégralité des armées et des officiers savoyards sont massacrés, le seul survivant est Constantin, qui est fait prisonnier avant d'être envoyé pieds et poings liés à Constantinople où il se retrouve contraint et forcé de renoncer en présence de la jeune impératrice Sybile à toutes ses prétentions sur les terres byzantines.

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Wiliknia Moloka'i:

En tout état de cause, Constantin n'aurait pas dû survivre à ce conflit: L'Empire Byzantin se montre clément à son égard et l'épargne à la différence de ses officiers pour deux raisons: en premier lieu la riche et urbaine communauté orthodoxe latine composée en grande partie d'anciens ressortissants de l'Empire Byzantin offre dès cette époque une influence à Constantinople sur les affaires d'Europe de l'Ouest. En second lieu, les armées mongoles, arrivées sur les rives de la mer d'Aral en 1217 ont écrasé la dynastie Seldjoukide et conquis l'intégralité de la Perse ainsi que la Mésopotamie ne laissant que le Califat Fatimide entre les hordes d'Houlagou Khan et l'empire byzantin, alors que plus au nord, la Horde d'Or qui a passé la chaîne de l'Oural au printemps 1233 et pris Novgorod en 1242 tient l''est de la péninsule européenne. et seule le Khanate de Crimée, dernier vestige de la confédération des Kiptchaks sépare les balkans de la Horde d'Or.

Craignant qu'une exécution du seigneur de Bourgogne ne pousse son successeur à se retourner contre la minorité orthodoxe de Bourgogne en guise de rétribution, et convaincus qu'ils ne peuvent se permettre d'abimer ses relations avec les couronnes occidentales alors que les Mongols sont pratiquement à ses portes, les seigneurs byzantins qui gouvernent au nom de la jeune impératrice Sybille préfèrent laisser Constantin en vie.

Pour le plus grand malheur de ses sujets, il ne retient pas la leçon et dès son retour de captivité en Juillet 1247, il reprend ses plans de conquête: puisqu'il ne peut vaincre l'empire Byzantin, il prépare la conquête du reste de l'Italie Méridionale afin de s'en servir comme base arrière pour la prise d'assaut les territoires byzantins qui viendra quand celui-ci traversera une nouvelle crise…

Pour mettre en œuvre ce qu'il pense être une brillante stratégie, il augmente fortement les taxes et loyers payés par la roture, notamment par les citadins enrichis, afin de remplir ses coffres en grande partie vidée par le conflit contre Byzance. Sa nouvelle cible sont les possessions du Royaume de Bohème en Italie du Sud; en premier lieu desquelles les côtes de Campanie et le port de Naples qui s'y trouve. Celui-ci est l'un des rare ports de Méditerranée à ne pas être sous l'influence économique de Venise ou de Pise, les deux puissantes républiques marchandes de l'époque et sert de port d'attache à une flotte marchande et de guerre c#nséquente: les taxes payées par les marchands napolitains sont alors l'une des principales sources de revenu du Royaume de Bohème finançant en grande partie les armées qui gardent les frontières de ses territoires disjoints.

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Yang Wen-Zhuge-Li:

Il est facile de dire que Constantin n'a rien appris du désastre sicilien au vu de l'échec final de cette seconde campagne militaire. En réalité, il revient de Constantinople plus prudent qu'il ne l'était à son couronnement. À la différence de la campagne sicilienne préparée à la hâte, il prend deux ans et demi pour préparer ses armées et sa stratégie, et dans un premier temps, sa campagne est un succès.

Plutôt que de focaliser ses armées sur Naples, il scinde son armée en deux: les troupes de la Bourgogne continentale attaquent la Lombardie, passée avec la Bohème aux von Raabs à la mort de Siegfried Salien, pendant que les armées des îles attaquent les possessions Bohémiennes en Italie du Sud. Il espère ainsi que le roi Gebhardt, qui a succédé en 1236 à son père Ordulf Premier, défendra en premier lieu la Lombardie plus proche de sa capitale et laissera sans défense ses possessions dans le Midi Italien. Cette tactique fonctionne: ses troupes entrent en Lombardie fin Janvier 1250 alors que la seconde partie de son armée débarque à Mondragone en Mars de cette année, et les armées de Bohème, mobilisées plus lentement que ne l'aurait voulu leur roi, ne marchent finalement vers la Lombardie qu'en été de cette même année, pour finalement faire face aux armées de la Maison de Savoie au sud de la Lombardie, à Crema, qu'au début du mois de Septembre.

La bataille de Crema tourne à l'avantage des Bohémiens, mais elle reste un succès sur le plan stratégique pour Constantin, car le Midi Italien reste sans défense, et les troupes bohémiennes présentent en Lombardie trop peu nombreuses pour attaquer directement les domaines piémontais de Savoie. Les armées de Constantin se replient en bon ordre puis reprennent d'assaut la Lombardie, prenant la cille de Pavie le jour de Noël 1250.

La situation se complique pour l'Archiduc de Bourgogne à partir de 1251: le Duc Sinibaldo de Haute Bourgogne se désolidarise de son suzerain au début de l'année, une révolte à Genève secoue le cœur des domaines de la Maison de Savoie durant le printemps, et le Duc Aymond, conquérant de la Sicile suit l'exemple de son cousin et retire son soutient à Constantin en Mars 1252. Bien qu'affaibli, l'Archiduc de Bourgogne s'obstine dans sa campagne de conquête et même à remporter plusieurs succès importants: il repousse les armées Bohémiennes stationnées à Crémone vers Milan où elles se retrouvent piégées, ses armées méridionales traversent la province de Capoue (l'actuelle province de Caserte) et occupent le Bénévent avant de revenir vers Naples et de prendre la forteresse d'Aversa, située à une quinzaine de kilomètres au nord de la Cité, en Janvier 1253, la coupant ainsi de son arrière pays, avant de vaincre les troupes en provenance de Capoue venues en renfort et de capturer le maire de Capoue qui menait ses troupes en personne.

C'est alors que la conquête de la Campanie semble assurée que vient le coup de grâce: comprenant que son territoire est trop disjoint pour être conservé par la force d'une armée en grande partie bloquée en Lombardie ou le long des frontières entre la Bohème et le Saint Empire, le roi Gebhardt a pris contact avec le Doge de Venise Galeazzo Pirovano et négocié le ralliement à sa cause de la Sérénissime République.

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Wiliknia Moloka'i:

Constantin de Savoie avait promis à Venise un Comptoir à Naples, pensant s'assurer de la sorte la bienveillance vénitienne. En réalité, la République de Venise voit d'un mauvais œil toute expansion du Saint Empire en Italie, car c'est en premier lieu la République de Pise -Vassale du Saint Empire et principale rivale commerciale de Venise- qui bénéficie le plus de l'expansion du Saint Empire.

Lorsque la Sérénissime entre en guerre au côtés du Roi de Bohème, Constantin de Savoie n'a plus aucune chance de l'emporter: ses deux campagnes militaires successives ont vidé les coffres de Bourgogne, alors que ceux de Venise sont pleins. Ses victoires militaires se révèlent vaines et c'est tout juste parvient-il à sauver la face et à obtenir une trêve avec la Bohème avant que les mercenaires de son alliée ne prennent d'assaut les armées qui assiègent Naples ou que ses propres troupes ne le désertent.

La trêve signée en 1253 ne signifie pas la fin des troubles pour Constantin de Savoie, loin de là: les deux campagnes successives font plus de 100.000 morts -sans compter les innombrables civils morts dans les sièges et durant les pillages commis par les armées de Constantin- dont la moitié sont des soldats de l'Archiduché de Bourgogne: cela représente à un homme valide âgé de 15 à 30 ans sur quinze: des lignées de Chevaliers s'éteignent, des familles de paysans perdent tous leurs fils… les taxes augmentées pour financer les guerres de Constantin ont ruiné marchands et artisans… Constantin est au sortir de ce deuxième conflit haï de ses vassaux et sujets, et, c#nséquence prévisible, le 5 Avril 1253, le Duc de Sicile, Aymond de Savoie, qui en est venu à considérer que son petit-neveu est inapte à gouverner, chasse les bureaucrates au service de Constantin de son Duché de Sicile et entre en rébellion ouverte contre l'Archiduc.

La situation se dégrade encore davantage quand les paysans catholiques de Provence se révoltent à leur tour motivés à la fois par leur colère à l'égard de l'Archiduc et par une hostilité envers la population orthodoxe des villes provençales: ces deux animosités se mêlent l'une à l'autre et prennent la forme de discours conspirationnistes: les curés de campagne y accusent pêle-mêle Constantin d'être le serviteur de l'église orthodoxe, de s'être secrètement converti à Constantinople pour sauver sa tête, ils prennent prétextes du fait que les armées qui ont attaqué le Mezzogiorno italien étaient principalement composées de soldats orthodoxes et ont connu moins de pertes que les armées à majorité catholique qui se sont battues en Lombardie pour accuser Constantin d'envoyer des jeunes hommes catholiques à la mort en épargnant délibérément les soldats orthodoxes. Accusation qui ne tient guère quand l'on sait que la plupart des rameurs employés dans les galères savoyardes appartenaient à la communauté orthodoxe de Provence et qu'au bas mot 12.000 d'entre eux perdirent la vie quand les Trirèmes Bourguignons furent coulé par la flotte byzantine… Au Nord les rebelles Genevois, aidés en sous main par le Duc de Haute-Bourgogne se sont organisés en "République et Libre Canton" et contrôlent désormais l'ensemble des bords du Lac Léman ainsi que la haute vallée du Rhône. Loin de chercher une sortie négociée à la crise, Constantin de Savoie jure d'écraser dans le sang tous les groupes rebelles et prépare les restes épuisés de son armée au combat une fois de plus.

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Armond Richard:

L'Hiver 1253 marque la fin du règne effectif de Constantin de Savoie: grièvement blessé lors d'une tentative ratée de mâter la rébellion genevoise en Octobre, alors que les armées de Savoie, désorganisées, sont écrasées par les troupes fidèles à Aymond de Sicile qui débarquent à Savone le 26 Septembre. Trop affaibli pour gouverner ce qui lui reste du domaine de la Maison de Savoie, désormais réduit à une enclave qui va du Forez aux Saluces, l'Archiduc est écarté en douceur par sa mère Albina qui prend les rennes de la Maison de Savoie. Habile négociatrice et politiquement expérimentée car ayant gouverné la Sardaigne et les Baléares pendant six ans, elle parvient à convaincre les seigneurs des domaines qu'elle a gouverné sous Buonconte de fermer leurs ports à la flotte d'Aymond, obtient le soutient de son beau-fils -le nouveau Duc de Franconie Bernard II- contre Aymond, et de l'Empereur Ernst qui se charge d'écraser les rébellions genevoise et provençale. Les armées du Duc de Sicile sont finalement arrêtés à Saluces même, à moins de 50 kilomètres de Turin par les armées de Franconie à la fin du mois de Décembre 1253 alors que les révoltes qui agitent l'Ouest de la Bourgogne sont mâtées par les troupes de l'empereur au début de l'année suivante, stabilisant la situation de Bourgogne Continentale.

Bien qu'elle ai les moyens de le déposer, Albina Castoride préfère imposer le maintient de son fils sur le trône archiducal, mais obtient de l'Empereur Ernst -qui fit Constantin Maréchal d'Empire avant la Campagne de Campanie, plus par égards envers le prestige de son Nom que pour ses talents militaires- qu'il l'envoit en Tunisie pour y entraîner les troupes impériales occupant ce territoire musulman récemment conquis.

Cet exil doré présente bien des avantages: il permet d'écarter Constantin du pouvoir politique tout en lui permettant de sauver la face, et la présence de l'Archiduc de Bourgogne à Tunis, entouré de troupes impériales à seulement 150 kilomètres de la Sicile dissuade le Duc Aymond -qui a organisé son domaine en État de facto indépendant- de lancer à nouveau ses troupes à l'assaut de la Bourgogne Continentale. De fait, Constantin de Savoie ne règne plus sur la Bourgogne et c'est désormais sa mère qui va exercer la réalité du pouvoir.

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J'ai lu, et comme d'habitude ça me fait me demander si des passages comme

 

le Comte de Padoue Ordulf von Raabs, petit fils de Casper Salien, le frère de l'empereur Baldemar, hérite de l'Archiduché de Bohème à la mort de Siegfried Salien. Profitant de la période d'instabilité qui suit le décès de l'Empereur Dietpold en Mars 1225, il arrache la Moravie à Siegfried Rapotonen en décembre de cette même année
sont sous-entendus par le jeu ou si c'est Ennix qui prend des notes au fur et à mesure pour qu'à chaque fois qu'un événement important se produit il ait de quoi fouiller pour trouver des liens avec le passé (j'imagine l'histoire des rumeurs catholiques sur un favoritisme durant les campagnes, ou les chiffres de répartition des confessions dans les armées fabriqués, par contre).
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c'est Ennix qui prend des notes au fur et à mesure pour qu'à chaque fois qu'un événement important se produit il ait de quoi fouiller pour trouver des liens avec le passé

 

 

Voui :)

 

(j'imagine l'histoire des rumeurs catholiques sur un favoritisme durant les campagnes, ou les chiffres de répartition des confessions dans les armées fabriqués, par contre)

 

 

La répartition des confessions, c'est le jeu: les orthodoxes sont majoritaires dans des comtés qui représentent grosso-modo 30% des domaines (villes, baronnies, etc...) donc hop 30% de la population :)

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  • 2 months later...

Épisode 10: 1253-1266 Quand les Montagnards prennent de la Mer, Partie III: Les Bourreaux du Pape



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Transition vers une carte de la Suède puis vers un montage vidéo de cités qui brûlent


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Voix Off:


L'année 1254 est celle du début de la longue et sanglante Huitième Croisade -dite la Croisade Scandinave-: au printemps 1254, les armées de la Horde d'Or parviennent à la Mer Baltique, qu'elles franchissent pour prendre le Royaume de Suède d'Assaut. Celui-ci s'effondre en quelques semaines et est presque intégralement annexé à l'Apanage Nord-Ouest de l'Empire Mongol.



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Wiliknia Moloka'i:


Après l'Empire Byzantin, c'est au tour des seigneurs Catholiques de craindre les Mongols: la Papauté a pendant 40 ans maintenue une neutralité bienveillante à l'égard des Hordes tant que celles-ci faisaient la guerre aux royaumes Musulmans au Sud ou aux principautés slaves Orthodoxes au Nord, mais la conquête rapide de la Suède associée à l'arrivée de la Horde d'Or aux frontières de la très catholique Pologne change la donne. La Panique s'empare des Cours européennes et finalement, le 16 décembre 1254, le Pape Hygin IV appelle les seigneurs Catholiques à se mobiliser contre la Horde d'Or, appel entendu par tous les seigneurs catholiques qui mettent de côté leurs rivalité et se mobilisent comme jamais dans leur histoire contre le Khan Bilge de Jeune le jeune souverain de la Horde d'Or.



Une exception notable à cette mobilisation générale: dans un premier temps, Albina Castoride ignore les appels du Pape et de l'Empereur et se focalise uniquement sur la reconquête de la Sicile



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Armond Richard:


Afin de remplir les coffres de la Maison de Savoie, vidés par les deux campagnes de son fils, Albina Castoride se lance dans une énorme braderie de ses biens: meubles, bijoux, robes en soies, et même villas et châteaux sont vendus à vil prix. Si dans un premier temps cette braderie semble être un acte désespéré, au point que nombreux parmi la noblesse de l'époque y voient les signes de l'imminente chute de la Maison de Savoie, il s'agit en réalité pour la souveraine de fait de l'Archiduché d'un moyen de rassembler assez de liquidités pour préparer une nouvelle campagne militaire: ses sujets étant toujours à deux doigts du soulèvement, elle sait qu'elle ne peut y mobiliser davantage de troupes ou exiger davantage de taxes sous peine de faire face à de nouvelles révoltes qu'elle ne pourra contenir.



Elle va s'appuyer sur le Duc de Franconie le temps de rassembler des armées composées de mercenaires étrangers -essentiellement des Catalans et des Basques-. Quand celui-ci meurt de la Syphilis en Mai 1255, laissant sur à la tête de la Franconie un garçon âgé de six ans à peine et bien incapable de mener des armées au combat, Albina a déjà rassemblé les troupes nécessaires pour continuer sa campagne: ses mercenaires débarquent en Sicile au mois de Juillet et en assiègent immédiatement la capitale, Palerme, qui tombe le 30 décembre. Surpris par la vitesse à laquelle sa nièce a réussi à retourner la situation, le Duc de Sicile Aymond est capturé en même temps que la cité et n'a d'autre choix que de capituler et de laisser Albina le déchoir de son titre de Duc.



Loin de se reposer sur ses lauriers, elle renforce son autorité en centralisant davantage l'état Savoyard-Bourguignon, interdit les guerres privées entre ses vassaux, et soigne sa popularité auprès de la roture en diminuant les loyers que ceux-ci doivent payer à leurs châtelains. La noblesse n'apprécie guère, mais épuisée par une décennie de guerres coûteuses et de conflits internes, et inquiète face à la menace mongole, elle ne conteste pas les décisions d'Albina.



La Maîtresse de Bourgogne justifie ses actes par la nécessité de maintenir ses états unifiés et disciplinés pour faire face à la Horde d'Or, et si cette explication satisfait dans un premier temps l'Empereur Ernst et le Pape, un événement va complètement changer la donne.



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Wiliknia Moloka'i:


Le 12 Avril 1257, le souverain de ilkhanide Daraitai Khan se converti au Chiisme. Le Monde catholique panique comme jamais: pour ses souverains, ce n'est qu'une question de temps avant que tous les apanages de l'Empire Mongol ne deviennent Musulmans, offrant à l'Islam un territoire englobant la quasi-totalité du Monde connu. Persuadé que s'il n'agit pas vite il devra bientôt faire face à un Empire Musulman unifié dont les territoires s'étendent de la Scandinavie jusqu'aux Indes Orientales, l'Empereur Ernst Rapotonen convoque ses vassaux en une diète exceptionnelle à Dole où son également invités les grands seigneurs de France, de Navarre, d'Angleterre et du Royaume d'Écosse, dans le but de mieux coordonner les efforts des armées des Royaumes d'Europe Occidentale en vue de la reconquête de la Suède.



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Ville de Dole



Cette Diète voit l'ensemble des seigneurs présents promettre la mise de côté de leurs querelles et leur dévouement exclusif à la lutte contre la Horde d'Or, ce qui va -pour un temps- stabiliser l'Ouest de l'Europe: la France et l'Écosse, les deux puissances dominantes à l'Ouest du Saint Empire connaissent en effet des crises à répétition depuis plusieurs décennies -la conquête de la péninsule ibérique par les royaumes chrétiens n'a pas marqué la fin des conflits, bien au contraire, et la péninsule est agitée de révoltes fréquentes -non pas des populations juives et musulmanes, dont une grande partie a déjà disparue, poussée à l'émigration ou convertie de force, mais des Chrétiens ibériques qui, loin d'accepter leurs nouveaux suzerains avec enthousiasme, ne cessent de se révolter et fragilisent les royaumes qui les ont conquis- et les deux Monarchies accueillent les promesses de loyauté des puissants barons jaloux de leurs privilèges avec soulagement.



À l'intérieur du Saint Empire, la situation change également: l'Empereur Ernst parvient à faire passer une série de réformes qui s'inspirent de celles que fit passer Albina Castoride, notamment l'interdiction faite à ses vassaux de lever des armées pour combattre d'autres vassaux de l'Empereur ainsi que le premier "Reichsmünzordnung" qui va pour un temps imposer un quasi-monopole de la Maison Impériale sur la frappe de la monnaie -quasi-monopole car les maisons de Savoie et de Châtenois obtenant une dérogation du fait de leur taille et de leur puissance (ensemble elles représentent alors un tiers de la population de l'Empire et deux cinquièmes de sa richesse)-.



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Yang Wen-Zhuge-Li:


Plus d'un million d'hommes sont mobilisés par les puissances coalisées, dont la moitié par le Saint Empire, pour faire face à la Horde d'Or qui ne compte que 40.000 cavaliers Mongols et autant de supplétifs Turcs. Mais l'avantage numérique, bien qu'énorme, de l'ordre de quinze contre un, n'a en réalité pas grande importance: premièrement parce que les monarchies d'Europe de l'Ouest n'ont pas les moyens logistiques de déplacer de manière ordonnée et surtout de nourrir autant de troupes: la grande armée unifiée des Royaumes catholiques va donc être morcelée en plus de cinquante grandes divisions rassemblant entre trois et huit régiments. Non seulement les armées sont morcelées en une multitude de structures indépendantes les unes des autres, mais il faut garder à l'esprit qu'il s'agit encore d'une armée féodale: chaque régiment est en réalité composé d'une multitude de petites compagnies, et les barons, chevaliers ou capitaines mercenaires qui les dirigent s'entendent mal entre eux: ils ne parlent pas tous la même langue, les soldes ne sont pas distribués de la même manière entre soldats de même rang selon leur dirigeants, certains officiers ont peu voir aucune réelle expérience, d'autres ont de l'expérience mais se retrouvent obligés de coopérer avec des ennemis jurés auxquels ils menaient des guerres sans merci l'hiver précédent… dès le début des mobilisations des conflits internes éclatent: certaines divisions des armées coalisées perdent jusqu'à la moitié de leur troupe à cause de querelles entre officiers ou soldats qui dégénèrent en batailles rangées. À cela s'ajoute des scènes de pillages: certaines sont dues à un manque de prévoyance: des troupes en route pour le font viennent à manquer de nourriture et se servent, littéralement, dans les fermes de la région qu'elles traversent, d'autres sont le fait de déserteurs se tournant vers le brigandage ou sont des actes délibérés de soldats qui prennent prétexte du conflit pour s'emparer de tout ce qu'ils trouvent. Comme lors des croisades précédentes, ce sont les minorités: Juifs et Marranes, Musulmans et Morrisques, sont les premiers à faire les frais de ces attaques: leurs agresseurs n'hésitent pas à les accuser de servir l'Empire Mongol en secret, et les seigneurs et magistrats -souvent par peur des pillards armés- ne s'opposent que très rarement aux pillages et aux pogroms.



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Archer monté mongol



Aux abus et crimes commis par les soldats censés défendre les Catholiques des Mongols s'ajoutent les limites de la technologie de l'époque qui rendent le coordination des armées plus difficiles, tant et si bien que non seulement on estime qu'entre un quart et un tiers des armées coalisées sont perdues avant même d'arriver au front, mais par dessus le marché, lorsqu'une division arrive intacte aux frontières des terres occupées par la Horde d'Or, elle arrive bien souvent à la mauvaise saison: plusieurs batailles tournèrent au massacre parce que des troupes peu habituées au rudes hivers continentaux d'Europe de l'Est arrivèrent à leur destination à la saison froide pour y être cueillies par des troupes Mongoles habituées à mener bataille dans des conditions climatiques rudes. Quand ce n'est pas la mauvaise saison, c'est le manque de guides connaissant la région qui porte préjudice aux troupes qui s'avancent trop sans plan de repli et finissent par être prises à revers et décimées.



Même quand des divisions arrivent intactes, à temps, et avec des plans de replis aux frontières de la Horde d'Or, elles comptent rarement plus de 20.000 hommes, qui finissent par faire face à l'une des quatre Toumanes de la Horde, fortes chacune de 10.000 archets montés Mongols et pouvant compter sur le renfort de leurs supplétifs.



En d'autres termes, à aucun moment du conflit l'avantage numérique des armées catholiques ne se traduira par un avantage quelconque sur le terrain.



En plus de tout cela, l'handicap technologique des Occidentaux ne se limite pas aux difficultés à coordonner leurs troupes: la Horde d'Or dispose à l'époque d'artillerie à poudre très avancée: les Européens ne sont pas totalement étrangers à ce armes: les Vizirs de Séville s'étaient servis de canons rudimentaires lors de leur conquête de l'Espagne, mais leur artillerie s'était révélée insuffisante pour empêcher la révolte de leurs vassaux puis la conquête finale de leur territoire par les croisés au début du XIIIème siècle: une partie des ingénieurs Maures avaient par la suite été engagés par les Rois de France et d'Écosse, mais les pots-de-fer et autres "canons écossais" construits en imitant les modèles maures étaient loin d'être aussi efficaces et destructeurs que les canons mongols: basée sur les canons, lance-roquettes et mines anti personnelles mis au points par les ingénieurs au service de la Dynastie Song, l'artillerie Mongole -qui avait déjà avait réduit en lambeaux les places fortes des principautés russes de la Perse et de la Mésopotamie lors de leurs conquêtes- ne laisse même pas aux occidentaux l'opportunité de se réfugier dans des forteresses et de mener une guerre de positions: les murailles de leurs forteresses sont vites abattues, laissant leurs occupants sans défense.



Ainsi les armées occidentales vont aller de défaites en désastre sur le champs de bataille.



Bernix:


Et pourtant ce sont les Mongols qui vont finir par capituler.



Yang Wen-Zhuge-Li:


C'est la géographie qui va offrir aux puissances occidentales une victoire politique à défaut de militaire: aussi dominatrices furent-elles sur terre, les armées mongoles étaient loin d'être aussi puissantes sur mer, d'autant plus que leur présence en Mer Baltique est alors toute récente: accéder à la Suède par voie terrestre n'est pas simple: il faut traverser la Finlande, notamment les régions de lacs et de forêts boréales non cartographiées, puis redescendre vers la Suède par les contreforts des Alpes Scandinaves, et si la voie maritime est bien plus facile, il existe un risque si les bateaux viennent à manquer: aussi les officiers mongols vont se refuser à laisser une de leurs précieuses Toumane en Suède et confier la défense de cette région à sseulement quelques bataillons de supplétifs turcs. Bien moins défendue, l'objet de la querelle entre le Monde Catholique et l'Empire Mongol peut donc être reconquise malgré les défaites à répétitions en terre slave.



Ironie de l'Histoire, en vertu de son titre de Maréchal du principal contributeur à la Croisade Scandinave, c'est à l'Archiduc fantoche Constantin qu'échoit la tâche de reconquérir la Suède. Ayant à faire face au plus faible des flancs des armées Mongol, il va devenir le seul général occidental à accumuler les victoires contre les armées mongoles, et redorer le blason de sa maison aussi facilement qu'il l'aura ruiné au début de son règne.



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Wiliknia Moloka'i:


Très vite, les dirigeants de la Maison de Savoie, la régente Albina en tête, perçoivent l'avantage qu'il y a à tirer d'une présentation des événements qui soit flatteuse pour Constantin: bien que pantin sans pouvoir dans son propre fief, il reste officiellement l'Archiduc de Bourgogne et son prestige personnel affect en bien comme en mal l'ensemble de ses domaines.



En réalité, s'il faut chercher des savoyards d'adoption ayant eu une influence sur l'issue du conflit, il faut chercher du côté des anciens étudiants de l'université de Chambéry: celle-ci est devenue au fil des XIIème et XIIIème siècle un haut lieu de rencontre entre savants d'origines diverses, et de nombreux diplomates, évêques et bureaucrates de l'époque étudièrent entre ses murs. Or, l'Université de Chambéry est l'un des rares endroits où les système politiques, économiques, militaires et sociaux qui régissent l'empire mongol sont connus: les écrits d'érudits chinois et perses ayant assistés à l'émergence de Ghengis Khan sont parvenus jusqu'à la bibliothèque de l'université, et celle-ci connu même la visite de quelques dignitaires mongols en mission diplomatique.



Parmi ces anciens étudiants se trouvent Konrad von Mzab et Burchard von Beverstedt:


Konrab von Mzab, né Aashif Ben Yahia Ben Slimane Ben Cheikh Slimane Ben Hadj Aissa, était le cinquième fils d'un dignitaire de la pentapolis mozabite qui quitta très jeune son oasis natale de Ghardaïa pour s'engager comme mercenaire au service des armées germaniques alors en pleine guerres de conquête au Maghreb: il participe à la prise de Béjaïa en 1233, et passe les années qui suivent à gagner en influence au sein des armées germaniques, et parvient même à gagner la confiance de l'Empereur Ernst Rapotonen qui en fait le capitaine de sa garde en 1240. Il se converti au catholicisme en prend le prénom de Konrad (dont l'étymologie germanique est d'un sens assez similaire à Aashif) l'année suivante, et c'est lui qui mène les troupes qui prenne le dernier bastion riyahdide de Kairouen en 1249.


En 1250, il part à Chambéry parfaire son éducation d'Européen d'adoption, et c'est là qu'il fait la rencontre de Burchard von Beverstedt, son cadet de 14 ans, alors étudiant à la même université, qui va devenir l'intendant des finances de la Cité de Brême à la veille la Croisade Scandinave.



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Ghardaia aujourd'hui



Les deux hommes sont à la fois ambitieux et mal aimé de la haute noblesse du Saint Empire: Konrad, élevé par Ernst Rapotonen au rang de Comte de Lübeck en 1255, inspire la méfiance du fait de ses origines berbères; on remet en doute la sincérité de sa conversion et la confiance sans faille que l'Empereur lui accorde fait grincer bien des dents; quant à Burchard, il entre en conflit ouvert avec Martin von Bismarck: l'archevêque de Brême-Hambourg: celui-ci ayant en effet imposé comme maire Dietmar von Dithmarschen, un homme atteint d'un grave retard mental, dans le but avoué de ne pas voir son autorité défiée par la riche cité marchande: le jeune intendant de Brême se retrouve en fin de compte obligé d'assumer l'ensemble des tâches du Maire de la Ville sans en avoir l'autorité légale, ce qui rend son travail, notamment la collecte d'impôt -en particulier celle des proches de l'archevêque- particulièrement ardue. Leurs années passées à Chambéry et leurs positions de quasi-parias au sein de l'aristocratie germanique vont les rapprocher et les amener à se soutenir mutuellement, et l'éducation reçue à Chambéry va leur faire entrevoir le moyen, non seulement de défaire les armées mongoles, mais aussi de renforcer leurs positions respectives.



Bernix:


Comment font-ils?



Wiliknia Moloka'i:


À la différence de beaucoup d'Européens qui sont prêt à croire toutes les rumeurs qui circulent sur les pratiques mongoles -rumeurs que les Mongols eux-même encouragent afin de démoraliser leurs adversaires-, Konrad von Mzab et Burchard von Beverstedt savent que les seigneurs mongoles cherchent d'abord et avant tout à augmenter le nombre de vassaux qui leur payent un tribut. "Pour les Mongols, la guerre est un commerce" affirmera Konrad von Mzab dans une lettre restée célèbre à l'Empereur Ernst. La description, quoique simpliste, a ses mérites: l'objectif premier des armées mongoles étant de causer suffisamment de destructions (la conquête des principautés russes fit un demi million de morts dans une région qui comptait entre 7 et 8 millions d'habitants) pour assurer la docilité des peuples conquis par la crainte, mais sans pour autant causer la ruine totale des régions qu'ils conquièrent: le tribut, et non le pillage, est ce qui motive l'expansionnisme mongol.



Partant de se constat, von Mzab et Beverstedt vont concevoir une stratégie particulièrement impitoyable: ils supposent -avec raison- que les Mongols ne se risqueront pas à envoyer leurs troupes en Suède en passant par le nord de la Scandinavie; ce qui leur laisse les ports situés sur les rives orientales de la Baltique, et les régions qui se trouvent entre cette mer et les contreforts des Carpates sous contrôle hongrois. La solution est donc selon eux de détruire tous les ports baltiques de la situés dans un croissant allant de la Poméranie à la Finlande, et de créer sur le continent une vaste "Marche du Néant", inspirée des Gyepü magyares: ainsi non seulement l'accès à la Suède leur serait coupé, mais par dessus le marché, ils cesseraient de chercher à s'étendre plus au sud étant donné que les régions limitrophes de leur empire ne présenterait plus le moindre d'intérêt: pas d'habitants, pas d'économie, donc pas de tribut.



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Hongrie au XIème siècle: les Gyepü sont en rose



Il y a cependant une différence de taille entre les Gyepü hongrois et la grande marche qu'ils veulent créer: les Gyepü étaient des zones tampons lourdement fortifiées mais peu peuplées situées aux frontières du Royaume de Hongrie, dont la défense était confiées à leurs habitants d'origine (tribus Pechenegues, Coumannes, Russes…) vassalisés, puis peu à peu assimilés à la population hongroise. De son côté, la grande Marche du Néant devait être entièrement vide: pas un seul bourg, une seule ferme, une seule famille ne devait s'y trouver: pour garantir la non rentabilité de l'expansion des territoires mongols, il fallait s'assurer que ceux-ci les régions limitrophes de leur empire restent dénuées d'habitants. Un tel résultat ne pouvait être obtenu que par une application massive et impitoyable de la politique de la terre brûlée: il fallait dépeupler non non seulement les territoires des anciennes principautés russes conquises récemment par la Horde d'Or, mais également toute la moitié orientale du Royaume de Pologne et la Lituanie, que von Mzab et Beverstedt jugeaient dors et déjà perdu.



Dans un premier temps, ni l'Empereur, ni le Pape ne donnent leur bénédiction à ce qui ressemble fort à une campagne génocidaire contre des Chrétiens, mais les échec à répétition des armées envoyées se battre contre la Horde d'Or vont faire d'Albina Castoride une alliée de circonstance toute trouvée: si son fils, arrivé en Suède par le Danemark avec près de 30.000 chevaliers et soldats Danois et Hongrois sous ses ordres n'a guère de difficulté à reprendre le contrôle d'une Suède occupée par trop peu d'hommes, Albina craint fort que la croisade tournant sur le champs de bataille à l'avantage des Mongol, ce ne soit qu'une question de temps avant que ceux-ci ne parviennent à occuper l'ensemble des côtes de le Mer Baltique, isolant Constantin du reste du Saint Empire et de ses alliés et le condamnant à un sort peu enviable quand une Horde d'Or triomphante retournera son attention sur les troupes envoyées leur reprendre la Suède.



C'est probablement au début du mois d'Octobre 1259 que Konrad von Mzab et Burchard von Beverstedt rencontrent Albina Castoride près de Saint Gall et qu'ils la convainquent d'appuyer leur projet: les deux années qui ont suivit la diète de Dole ont été déplorable pour le camps des royaumes chrétiens, et la panique dans ce camps -qui se mue parfois en fatalisme apocalyptique chez certains membres de la noblesse et du clergé qui voient dans l'invasion mongole un signe de la fin prochaine du monde- est telle que les projets de von Mzab et Beverstedt rencontrent un écho croissant: le soutient de la puissante régente de Bourgogne fait définitivement pencher la balance en leur faveur.



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Yang Wen-Zhuge-Li:


A partir du moment où la stratégie de Konrad von Mzab et Burchard von Beverstedt est adoptée, la Croisade Scandinave, prend une toute autre tournure. À la différences des armées européennes, les armées mongoles n'avaient aucun mal à mener campagne en hiver, et préféraient même cette saison: les rivières gèlent, les marécages deviennent praticables, et la neige n'est pas un handicap pour les chevaux de Mongolie qui savent creuser et trouver leur herbe même sous un épais manteau neigeux: cette situation créait un déséquilibre à l'avantage des Mongols: quand ils attaquaient l'hiver, leurs ennemis étaient calfeutrés dans leurs forteresses et incapable de se déplacer rapidement, faisant d'eux des proies faciles, et en été, les armées mongoles se retiraient vers des régions situées loin à l'intérieur de leur Empire, où ils se reposaient et préparaient la campagne hivernale suivante.



À partir du moment où les armées occidentales commencèrent à "construire" la grande Marche du Néant, elles n'affrontèrent plus que rarement les armées mongoles directement: en été elles s'avançaient sur le territoire de la Horde d'Or afin de détruire et piller toutes les fermes, cités et ports qu'ils trouvaient, et quand l'hiver venait, les armées occidentales se retiraient à leur tour le plus loin possible de la porté des arcs mongols. Aux destructions massives causées par les Mongols pendant leur conquête des principautés russes succèdent les destructions systématiques et totales voulues par les occidentaux: en théorie, les petites gens qui vivaient dans les régions à rendre inexploitables étaient "invités" à se réfugier à l'ouest, dans les terres des monarques chrétiens épargnées par la campagne de terre brûlée, mais dans les faits, ils étaient le plus souvent chassés de force de leurs terres natales, quand ils n'étaient pas purement et simplement massacrés au nom d'une croisade qui prenait de plus en plus des airs de campagne d'extermination: là où les Mongols causèrent la mort de 6 ou 7% de la population Russe quand ils en firent la conquête, on estime que les régions qui composaient la Marche du Néant, qui comptaient aux alentour de trois millions d'habitants avant la Croisade, virent quelques 600.000 de leurs habitant massacrés -essentiellement par les croisés- et 2 millions de leurs habitants prendre la fuite -la plupart vers l'est, préférant l'implacabilité de la machine de guerre mongole au fanatisme des croisés-.



Bernix:


Cette méthode ne va pas pour autant épargner les régions censées être à l'abris des armées Mongoles



Yang Wen-Zhuge-Li:


En effet: ceux-ci vont tenter de s'attaquer au nord de l'Allemagne et au Danemark en passant par le continent: l'Ouest de la Pologne et la Poméranie sont dévastés, de très nombreuses agglomérations slavo-germaniques, dont celles de Brandebourg-sur-la-Havel, Cottbus, Rostock, Schwerin, Halle-sur-Saale, Magdebourg… sont rasées. Lübeck, la cité de Konrad von Mzab, l'un des initiateurs de la campagne de terre brûlée est assiégée à deux reprises et survit d'un fil au conflit.



Néanmoins, la prédiction de Konrad vont Mzab et Burchard von Beverstedt va au bout du compte se confirmer: la Huitième Croisade va faire entre un million et demi et deux million de morts, au deux tiers des non-combattants, et dont à peine 15.000 sont des cavaliers mongols et auxiliaires turcs, mais, bien qu'indéniablement victorieux sur le champs de bataille, le coût économique pour la Horde d'Or, qui doit faire face non seulement à des destructions qui rendent l'ouest de leur territoire inexploitable, mais également, et c'est une première, à un afflux de réfugiés auquel elle n'est pas préparée, se retrouve dans une situation où elle n'a plus rien à gagner de la continuation du conflit.



Un autre facteur, et non des moindres, est la grave crise de succession que traverse la Horde d'Or: son fondateur, Batu Khan meurt en 1255, au début de la Huitième Croisade. Son fils et successeur, Sartaq Khan, un convertit au Nestorianisme, meurt dans l'année, vraisemblablement empoisonné: si le commanditaire de l'assassin n'a jamais été identifié, l'hypothèse la plus probable est que son assassinat fut commandité par un ou plusieurs de ses vassaux craignant qu'un Khan chrétien se montre trop faible face aux royaumes d'Europe Occidentale. Le successeur de Sartaq, son jeune frère Ulaghchi meurt à son tour dans des circonstances mystérieuses en 1257, et Berke Khan, le frère de Batu et successeur d'Ulaghchi devient le troisième Khan successif à mourir après moins d'un an de règne. Mongke Khan, alors Khan suprême des Mongols impose finalement l'un des neveux de Batu: Bilge Le Jeune, alors âgé d'à peine 17 ans. Le règne de celui-ci est également court: il est tué dans un raid en 1261, laissant un comme seul héritier un fils d'un an à peine et la régence à sa jeune et inexpérimentée épouse. Le climat de méfiance qui règne au sein de la classe dirigeante de la Horde d'Or désorganise son organisation militaire et politique tant et si bien qu'elle ne parvient plus à reprendre l'initiative.



L'ultime assaut des armées de la Horde d'Or se produit à la fin de l'année 1265 et se termine au deuxième siège de Lübeck: le 4 décembre 1265, les troupes mongoles sont prises à revers par l'avant garde d'une armée de croisés menée par l'empereur Ernst Rapotonen en personne. l'avant garde parvient à suffisamment harceler les Mongols pour leur empêcher de manœuvrer comme ils l'entendent avant l'arrivée du gros des troupes deux jours plus tard: "Die schlacht bei den karmesinrot Schee" (la bataille des neiges cramoisies) des 6 et 7 décembres 1265 est la dernière bataille de la Huitième Croisade, durant laquelle Konrad von Mzab perd ses deux jambes, arrachées par un tir de mortier mongol, alors que l'empereur Ernst Rapotonen reçoit dans le cou, la tempe et l'épaule droite plus éclats provenants d'un autre tir de mortier: blessures fatales auxquelles il finira par succomber après une longue agonie qui s'étirera jusqu'en avril de l'année suivante. Côté Mongol, cette bataille est à elle seule responsable de plus d'un tiers de leurs pertes, et, quand la nouvelle lui parvient, Kubilai Khan en personne intervient: il dépêche à Rome pour porter un armistice son fils et héritier Jimgim accompagné du marchand Niccolò Polo qui fait office de guide et d'interprète. Les négociations sont rapides et aboutissent à un traité très avantageux pour les croisés, qui obtiennent la garantie qu'aucun royaume reconnaissant l'autorité religieuse de Rome de sera plus pris d'assaut du vivant de Kubilai Khan. La pape Formose III, le successeur d'Hygin IV, peut alors proclamer la fin de la Huitième Croisade et le triomphe de la chrétienté.



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Centre historique de Lübeck


Modifié par ENNIX
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Épisode 11: 1259-1277 Quand les Montagnards prennent de la Mer, Partie IV: La Guerre des Églises

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Retour à Villefranche sur Mer, Bernix marche avec Armond Richard

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Armond Richard:

La Croisade Scandinave et son cortège de mort et de désolation n'est pas sans effet sur la Bourgogne, malgré la distance: la politique de la terre brûlée menée par les croisés se traduit par le massacre de centaines de milliers de civils, notamment des slaves orthodoxes: la nouvelle provoque la colère de leurs coreligionnaires vivant sur le territoire bourguignon, ce qui n'améliore pas les rapports entre les communautés religieuses: les Orthodoxes accusent Konrad von Mzab et Burchard von Beverstedt de délibérément chercher à massacrer les populations orthodoxes; ils surnomment les deux hommes "Les Bourreaux du Pape", et la régente Albina, qui leur apporta son soutient politique, tout comme l'archiduc Constantin, qui prit part à la croisade, sont accusés de plus en plus ouvertement de complicité dans les massacres. Sur le continent, les Orthodoxes se mettent à craindre d'être un jour à leur tour massacrés, alors que les Catholiques se mettent à craindre une révolte massive des populations orthodoxes, pendant que dans les îles, aux tensions entre catholiques et orthodoxes s'ajoutent des violences faites aux populations musulmanes et aux descendants de convertis.

Albina de Savoie essaye de calmer les tensions avec la communauté orthodoxe en promouvant son intendant des finances, le très orthodoxe Duc de Gènes, Matthaios de Savoie, au rang de Chancelier, mais cela n'entame guère l'animosité que la plupart de ses sujets de religion orthodoxe lui vouent, et exacerbe les tensions avec ses vassaux et voisins catholiques: alors même que la Huitième Croisade fait rage au Nord, les Doges de Venise Antonio di Montelongo puis Sinibaldo d'Astie, leur allié le duc des Pouilles, Ljutomisl le cruel, cousin éloigné et homonyme de l'ancien chancelier croate des États de Savoie et le roi de Bohème, Gebhart von Raabs, dont le père arracha l'indépendance de son domaine, vont agir de concert pour tenter de chasser les Savoie des îles italiennes, en accordant leur protection à des prêcheur catholiques appelant leurs coreligionnaires à se soulever contre leurs ducs orthodoxes et en armant et finançant les rebellions.

Stéphane Bernix:

Pourquoi Venise et ses alliés font preuve d'une telle hostilité?

Armond Richard:

Parce que Pise est la grande rivale de Venise et que l'Archiduché de Bourgogne compte parmi ses plus fidèles alliés: Venise contrôle alors la quasi-totalité de la Méditerranée à l'Est de Malte, la partie occidentale étant sous l'influence de Pise. Pise a soutenu financièrement les Savoie dans leurs conflits contre Gènes et Lucques, et quand les Archiducs de Bourgogne se tournèrent vers la Mer, ils s'appuyèrent sur la marine de Pise et offrirent à la cité de nombreux comptoirs dans les îles annexées à la Bourgogne, offrant à la République de Pise un quasi-monopole sur le commerce en Méditerranée occidentale. Pour Venise, cela veut non seulement dire qu'il est impossible d'étendre son aire d'influence vers l'Ouest, mais qu'en plus l'expansion des états de la Maison de Savoie en Italie du Sud représente une menace pour les comptoirs vénitiens de l'Adriatique.

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Aire d'influence de Pise et Venise en 1258

Les motivations de Venise sont donc de nature économiques et non religieuse, mais les espions et les agents de la Sérénissime n'hésitent pas à exploiter les tensions entre communautés religieuses pour affaiblir le puissant allié de Pise. C'est ainsi qu'une révolte catholique éclate début 1256 en Sicile, les rebelles s'en prennent aux châtelains et aux citadins orthodoxes, mais aussi aux populations musulmanes et aux descendants de musulmans convertis: plusieurs pogroms particulièrement sanglants ébranlent ainsi le sud de l'île. La révolte est écrasée en février 1258, et plusieurs chefs rebelles capturés révèlent que leur soulèvement était supervisé et financé par un influant marchant de Venise basé sur l'île de Malte: Galeazzo Pirovano le Jeune, le propre fils du Doge Galeazzo Pirovano l'Ancien qui dirigea Venise durant plus de 17 ans avant qu'Antonio di Montelongo ne lui succède. Son but était de renverser le nouveau Duc orthodoxe de Sardaigne, Albin Premier, le fils de Duc Rainier de Provence, orthodoxe comme son fils et de placer sur le trône Damien Castoride, le petit fils catholique du Duc déchu Aimond.

La régente Albina sait que compte tenu des difficultés de la Croisade, elle ne peut ouvertement défier la puissance financière de Venise: puissance financière qui peut bien vite être convertie en armées mercenaires. Mais de son côté, Venise n'a pas non plus intérêt à s'attaquer ouvertement à la Bourgogne, qui bien qu'ayant dû envoyer une grande partie de ses troupes au nord dispose encore d'une arrière garde c#nséquente. Plutôt que d'attaquer directement Venise, la régente va prendre pour cible l'île de Malte -alors rattachée au Duché des Pouille et faisant partie de la sphère d'influence vénitienne-: cette stratégie se révèle payante: l'île est peu défendue, le Duc des Pouilles ayant du dédier l'essentiel de son armée à la Croisade n'est pas en mesure d'envoyer des renforts sur l'île, qu'il abandonne aux armées bourguignonnes. Galeazzo Pirovano échappe à ses poursuivants et se réfugie à Venise, hors de porté d'Albina Castoride, mais l'île de Malte est arrachée à l'union Croato-vénitienne après un siège qui s'achève en avril 1259.

Une autre révolte secoue la Sardaigne à partir de l'automne de cette même année alors que Konrad von Mzab et Burchard von Beverstedt plaident leur cause à la régente Albina. Quand elle revient de la Cour Impériale, le Duc de Sardaigne s'est réfugié à Arles, et de son domaine, seule l'île de Corse, très majoritairement peuplée d'Orthodoxes, n'est pas tombée aux mains des rebelles. Alors que la petite île de Malte fut aisément conquise par l'arrière garde bourguignonne, la Sardaigne, considérablement plus vaste, va se révéler un champs de bataille beaucoup plus difficile: les rebelles tireront profit non seulement des vastes étendues de l'île mais aussi de la sympathie d'une bonne partie de la population à majorité catholique et garderont le contrôle de l'île jusqu'en Avril 1264, après une longue et laborieuse campagne.

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Massif du Gennargentu, en Sardaigne Orientale: ce massif montagneux parmi les plus anciens d'Europe servira de refuge aux rebelles: quelques communautés y vivant en quasi-autarcie parviendront à rester de facto indépendantes jusqu'à la révolution industrielle

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Ces violentes rébellions de catholiques provoquent des remous au sein de la communauté orthodoxe, tant et si bien que le Duc de Provence, Rainier de Savoie va tenter de liguer les seigneurs orthodoxes contre la régente de Bourgogne et de créer un Royaume Orthodoxe Latin indépendant. Ce projet va cependant vite échouer: les autres seigneurs orthodoxes, notamment les Ducs de Sardaigne et de Sicile, débordés par la violence des rebelles et ayant eu besoin du soutient de la régente pour reprendre le contrôle de leurs fiefs, refusent de faire cause commune avec le Duc de Provence et le dénoncent à la régente, qui le fait arrêter en Août 1264: Rainier finira sa vie dans les donjons d'Aoste. Aux Baléares, ce sont les Orthodoxes, devenus majoritaires qui se rebellent et commencent à commettre des violences contre les habitants catholiques, musulmans et juifs de l'archipel: la régente de Bourgogne n'aura pas besoin d'intervenir car la rébellion sera tuée dans l'œuf par Rodislav Castoride, le fils du Duc des Baléares Sviatopolk Castoride.

La régente de Bourgogne voit ainsi son autorité confortée non seulement par la fin des révoltes et par le retour en grâce de son fils, que le nouvel Empereur Germanique -Mathias Premier des Nakonides- charge de prendre Fez, dans le cadre de la conquête du Sultanat Berbère des Hammadides.

Rassurée sur le plan intérieur, Albina Castoride se tourne alors vers ses ennemis extérieurs: Venise et ses alliés: le jour de Noël 1266, elle reprend d'assaut les possessions du Royaume de Bohème en Italie du Sud, celles-là mêmes que son fils avait tenté de conquérir 16 ans plus tôt.

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Retour au bureau d'universitaire bordélique à la bouteille de Cognac

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Yang Wen-Zhuge-Li:

Albina de Savoie décide dans un premier temps de concentrer ses armées en Lombardie sous la conduite du nouveau Duc de Sardaigne Eirenaios Premier, surnommé "le Duc Basque" du fait des origines de sa mère et parce qu'il a passé l'essentiel de sa vie à la Cour de Pampelune, ne découvrant les terres de son père le précédent Duc de Sardaigne que lorsqu'il y vint commander les armées restées loyales à Aoste durant la révolte des Catholiques sardes. Celui-ci remporte une première victoire sur les troupes bohémiennes de Lombardie à Bobbio le 10 Juillet 1267.

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Bobbio

Le Roi de Bohème sait qu'envoyer ses armées à travers le Continent vers la Lombardie par voie terrestre via la Hongrie puis l'Italie du Nord, lui prendrai au minimum un mois à marche forcée, après quoi celles-ci seraient trop épuisées pour combattre: au lieu de cela, il va tenter de prendre les armées Bourguignones à revers en mettant à profit son alliance par mariage avec la couronne de Pologne: il mobilise ses armées qu'il envoie au port de Kołobrzeg d'où elles embarquent sur des galères Polonaises en vue de contourner le continent, faisant le calcul que les quelques trois mille miles nautiques qui séparent ce port sur la Baltique de la Provence ne demanderont pas davantage de temps que la traversée terrestre des territoires qui séparent le cœur de son Royaume de ses possessions italiennes. Hélas pour lui, des difficultés de nature politiques vont faire échouer ses plans: ses armées sont mobilisées et prêtes à embarquer dès la fin février, mais les cités nord-germaniques de la toute jeune mais déjà puissante Ligue Hanséatique, fondée à la fin de la Huitième Croisade et dirigée par Burchard von Beverstedtn refusent de ravitailler la flotte polonaise, et les étapes dans les ports français sont encore plus problématiques car le Royaume de France est à ce moment là en proie à une violente guerre civile qui s'est déclenché à la minute où la paix fut signée avec l'Empire Mongol. Alors que le Roi Gebhart espérait prendre d'assaut Marseille en Mars à la tête de 30.000 hommes puis remonter la Vallée du Rhône en direction du cœur historique de la Savoie, sa flotte se fragmente, des navires sont perdus, une partie des armées déserte durant une traversé qui s'éternise et finalement, quand l'avant-garde parvient en vue des côtes Bourguignonnes au Mois d'Août avec quatre mois et demi de retard, elle est isolée du reste de l'Armée, et incapable de prendre d'assaut la cité Phocéenne, trop bien gardée, ses officiers décident de partir plus à l'est et prennent d'assaut le port ligure de La Spezia avant de remonter la côte Ligure. Cette décision ne tourne pas à l'avantage des Bohémiens, car les armées savoyardes victorieuses au sud de la Lombardie ont eu le temps de revenir de Bobbio et elles interceptent l'avant-garde Bohémienne à Rapallo, sur la route de Gènes: la moitié de l'avant-garde bohémienne y est tuée, et ce qu'il en reste se replie vers La Spezia

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La Spezia

Les armées Bohémiennes ne sont néanmoins pas encore vaincues: en Novembre de cette même année: des survivants de la bataille de Bobbio, associés à la Garde Milanaise et à des mercenaires financés par Venise -en tout près de 12.000 hommes- parviennent à contourner les armées savoyardes et s'emparent du Monfrat, alors que le gros de l'armée Bohémienne partie de Pologne sous le commandement direct du Roi Gebhart rejoint les reste de son avant garde stationnée à la Spezia

L'équilibre des forces en présence va finalement pencher de manière définitive du côté Savoyard quand, emmenés par l'Archiduc Constantin en personne accompagné de son cousin le général Boris de Savoie, 20.000 soldats et chevaliers Savoyards vétérans de la guerre que le Saint Empire mène au Sultanat Hammadide débarquent à Naples le 16 février 1268, trois semaines à peine après la prise de Fez. La grande cité portuaire capitule sans se battre et les armées Bourguignonnes occupent à nouveau une partie de la Campanie. Tentant de reprendre l'avantage, le Roi de Bohème tente une nouvelle fois de s'emparer de Gènes, cette fois-ci avec davantages de troupes sous son commandement direct. Cependant, le relief de la Ligurie se prête mal à des mouvements massifs de troupes, sans compter les difficultés qu'il ya à les nourrir. À nouveau les plans du roi de Bohème prennent du retard et malgré la proximité de Gènes, ses armées commencent à assiéger la ville à la fin de l'été et non au début du printemps comme il l'espérait.

Les armées du Duc Basque, qui combattent alors au Monfrat, se replient vers la Ligurie pour porter secours à Gènes, et tombent dans un piège que le Roi de Bohème leur a tendu: comprenant au cours de l'été qu'il l'arrivera pas à déplacer toutes ses troupes vers Gènes, il n'y a envoyé qu'un tiers pour servir d'appât et dispersé le reste de ses armées dans les localités placées le long de la côte ligure. Lorsque les armées de Bourgogne arrivent, les Bohémiens lèvent le siège et se replient sur Rapallo. Lorsque les armées Bourguignonnes y arrivent, elles se retrouvent vite prises en tenaille entre les armées qui s'y sont repliées et les renforts venus de l'est de la Ligurie.

Bernix:

Le piège va pourtant se retourner contre les Bohémiens

Yang Wen-Zhuge-Li:

Oui et non: la seconde bataille de Rapallo est indéniablement une victoire Bohémienne: les armées bourguignonnes sont mises en déroute, et la cité de Gènes capitule peu après, permettant aux armées bohémiennes d'occuper le principal port ligure. Malheureusement pour le roi de Bohème, il ne peut goûter à cette victoire, car il perd la vie durant cette bataille: la perte de leur roi désorganise fortement les armées bohémiennes, qui ne peuvent pousser leur avantage bien que la route vers Turin puis Aoste leur soit désormais ouverte.

Le fils du roi Gebhart, Ordulf II, resté à Prague pour gouverner la Bohème en l'absence de son père ne va pas pour autant capituler: il met à profit l'automne et l'hiver 1268 pour reprendre la main engagne plus de 15.0000 Landknechts suisses et tyroliens qu'il envoie à Lucques, d'où ils la mer en direction de la Campanie.

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Landknecht

La fin de l'hiver 1269 voit les armées Bohémiennes stationnées à Gènes prendre d'assaut Turin pendant que les mercenaires Suisses et Tyroliens s'emparent de la forteresse de Gaeta, à la frontière entre les possessions Bohémiennes en Italie du Sud et les états du Pape. C'est là que se déroule la bataille décisive de cette guerre: les armées commandées par le général Boris attaquent les mercenaires suisses et les délogent de Gaeta le 10 Mars. Ceux-ci se replient alors vers le nord, espérant que l'Archiduc n'osera pas faire traverser ses troupes aux états papaux: grave erreur: toujours auréolé de son statut de héros de la Croisade Scandinave -après tout, ce sont les troupes sous son commandement qui reprirent le contrôle de la Suède aux Mongols-, l'Archiduc de Bourgogne n'a aucune difficulté à obtenir du Pape de traverser le Latium accompagné de ses troupes, qui triomphent une fois de plus des mercenaires Suisses à Viterbo en Avril 1269. Un mois plus tard, les dernières troupes fidèles à Ordulf II dans le Midi Italien son défaites à Capoue et le Roi de Bohème, comprenant que ses armées n'auront pas le temps de Naples avant d'être prises d'assaut par les armées Savoyardes victorieuses dans le Sud capitule finalement et abandonne ses possessions de Campanie à l'Archiduc de Bourgogne le 27 Mai 1269.

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Retour à Villefranche sur Mer

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Armond Richard:

Constantin Castoride n'a pas vraiment le temps de savourer sa victoire: à peine la Campanie est-elle conquise que l'Empereur Mathias le renvoie en Tunisie pour préparer la conquête d'Alger. Pendant environ cinq ans, alors que la guerre fait rage au Maghreb, l'Archiduché de Bourgogne connaît une période relativement calme, mais les choses changent au début de l'année 1274, avec la rébellion du Duc de Haute Bourgogne: Sébalde II.

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Retour au bureau d'universitaire bordélique.

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Wiliknia Moloka'i:

Le prétexte invoqué de la révolte est l'exécution de l'Archevêque du Valais Baudoin Cantemir, un opposant féroce à la politique de conciliation de la Régente de Savoie vis à vis de la Communauté Orthodoxe Latine qui avait soutenu le Roi de Bohème pendant la guerre qui l'avait opposé à la Bourgogne Savoyarde. Le Duc de Haute Bourgogne dénonce cette exécution comme un acte tyrannique et une crime contre l'Église, mais le fait que l'Archevêque ai été exécuté en Mars 1268, près de cinq ans avant le début de la révolte de Sébalde II démontre aisément que cette dernière n'a pas grand chose à voir avec de la piété outragée: Sébalde II est en réalité le pantin du Comte de Genève Gothard de Châtenois, et sa révolte un nouveau conflit entre les Maisons de Savoie et les Châtenois. Ces derniers ont perdu le contrôle de leur puissant Archiduché de Lorraine au terme d'un long conflit de succession que même la Huitième Croisade ne calma pas: l'Archiduc Budziwuj le sanguinaire fut renversé en Mars 1251 et sa tante Ursula installée sur son trône par une coalition emmenée par la Franconie. Celle-ci fut renversée par un autre de ses neuveux, Hartmann Hupoldinger en 1260, et le règne de ce dernier ne dura même pas trois ans avant que le Duc de Bavière et Carinthie, Ludolf von Sayn, ne le renverse en Janvier 1263.

Réduit à une position subalterne par rapport aux Ducs de Bavière, Les Châtenois, sous la conduite du Comte de Genève, vont tenter de se rendre les maîtres de l'Archiduché de Bourgogne en plaçant un individu complaisant sur le trône des Savoie, et Sébalde II, duc germanophone qui passa sa jeunesse à Wurtzbourg et n'éprouve guère d'affection pour la branche Castoride au pouvoir fait un candidat tout trouvé.

Très vite, la petite noblesse germanophone et catholique du Nord de l'Archiduché prend fait et cause pour le Duc rebelle contre une régente Italienne qu'ils jugent trop complaisante vis à vis des minorités religieuses de son domaine. L'influence des Châtenois sur cette révolte est rendue encore plus évidente quand, sur conseil du Comte de Genève, le Duc Sébalde II donne la conduite de ses armées à Sigismond de Châtenois, le jeune Duc d'Alsace.

En Mars 1274, Annecy, la ville natale du Comte de Genève, rejoint les rebelles, qui traversent le Nord de la Savoie sans encombre et passent le Col du Grand Saint Bernard le 15 Mai alors que des troupes alsaciennes marchent sur Lyon au même moment.

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Palais de L'Isle: au centre de la vieille ville d'Annecy-le-Neuf, sur le canal du Thiou: ce bâtiment servira de demeure secondaire aux Comtes de Genève de sa construction en 1132 jusqu'à la mort de Gothard de Châtenois

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Retour au bureau d'universitaire bordélique à la bouteille de Cognac

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Yang Wen-Zhuge-Li:

Les armées de Haute Bourgogne et de Genève vont être vites défaites: emmenées par le général Boris de Savoie, les troupes bourguignonnes l'emportent facilement lors de la bataille d'Aoste du 18 Juin 1274. Désorganisées, les armées rebellent se scindent en deux groupe, l'un qui se replie vers la vallée du Rhône à Brindas où il est vaincu le 5 Septembre, l'autre s'enfuie vers l'Est à Verceil où ils est finalement défait par un détachement des armées du général Boris le 5 Octobre.

La situation va néanmoins se compliquer pour la régente de Bourgogne: les agents du Comte de Genève prennent contact avec Damien Castoride, le petit fils du Duc déchu de Sardaigne Aymond Castoride et parviennent à le convaincre de profiter du fait que le Duc de Sicile Albin Premier se batte aux côtés du Général Boris pour lancer une nouvelle rébellion contre la régente Albina et reprendre le trône de Sicile. La révolte éclate en Août 1274 et menace très vite de s'étendre à Naples et aux récentes conquêtes de la Maison de Savoie. Sur ordre de la Régente, le général Boris Castoride scinde ses troupes en deux parties: une, sous son commandementn prend la mer en direction d'Agrigente: la cité où Damien Castoride a installé sa cour, et l'autre, sous la conduite du Duc Albin Premier, reste sur le Continent. La division des tâches est délibérée: la régente de Savoie craignant que son Duc de Sicile ne fasse une cible trop tentante pour les rebelles de Sicile.

Les armées loyalistes restées sur le Continent vont s'en aller attaquer le Comte de Genève: elles ignorent Annecy et se concentrent sur la cité de Genève: Gothard de Châtenois est tué lors de la prise de sa cité le 23 décembre 1274. Bien que victorieuses, les armées commandées par le Duc de Sicile doivent encore mener le siège de Nyon, où s'est retranché Gérard de Châtenois, le fils et héritier du Compte de Genève. Le Duc d'Alsace Sigismond de Châtenois, qui s'est emparé de Lyon au mois de Juillet, va mettre cette division des armées loyalistes à profit: il fait traverser les Alpes du Sud à ses armées en un temps record et assiège la cité de Turin, laissée sans défense autre que sa garde urbaine: le siège de la Cité va durer une année entière sans qu'aucun renfort n'arrive, et la cité fini par tomber le 16 Novembre 1275. le général Alsacien, qui est accompagné du Duc de Haute Bourgogne, installe ce dernier dans le Grand Rectorat, l'ancien palais du Chancelier Ljutomisl Trpimirovic et le proclame Archiduc régnant de Bourgogne. De la Bourgogne continentale, seules la Provence, la Ligurie, et deux enclaves au Val d'Aoste et dans le Genevois restent sous le contrôle de la régente Albina, qui a emmené sa cour avec elle en Corse à Cardo -l'actuelle Bastia-; tout le reste est alors contrôlé par la Maison des anciens Archiducs de Lorraine.

Le triomphe des Châtenois va pourtant être de très courte durée: durant l'hiver 1275-76, une attaque cardiaque terrasse Damien Castoride et le laisse à l'état de légume. Son fils, Damien le Jeune capitule immédiatement en échange du maintient de ses possessions dans la Province de Palerme, permettant aux troupes loyalistes présentes en Sicile de remonter vers le nord. En Mars 1276, les armées du général Boris de Savoie reprennent Lyon, puis font la jonction le mois suivant avec leurs camarades envoyés à l'assaut de Nyon: face aux armées savoyardes réunifiées, le nouveau Comte de Genève capitule et est fait prisonnier: il le restera jusqu'à sa mort un quart de siècle plus tard.

Nyon prise, les armées du Général Boris traversent la Savoie, reprennent Annecy et atteignent le Piémont au mois de Septembre. Les deux leaders survivants de l'insurrection: le Duc de haute Bourgogne et le Duc d'Alsace se retrouvent pris au piège à Turin et sont contraints de capituler en Janvier 1277. Sigismond de Châtenois est escorté hors des territoires de la Maison de Savoie, mais Sébalde II est déchu de ses titres et jeté sans ménagement dans les oubliettes d'Aoste où il s'éteint neuf mois plus tard.

Cette victoire marque la fin de période cette période que l'on nomme aujourd'hui la Guerre des Églises: en dix-huit ans l'Archiduché Bourguignon aura été secoué par six révoltes, une guerre contre le Royaume de Bohème et une multitude de complots.

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